L’Algérie s’installe dans la crise économique, quelle feuille de route dans le contexte aggravé par le coronavirus?

En 2019, la croissance économique algérienne a enregistré une baisse de 43% par rapport à 2018. Son PIB hors hydrocarbures a également chuté de 27%, impactant l’ensemble des secteurs stratégiques, indique une note d’information publiée par l’Office national des statistiques et relayée par Algérie 1.
Sputnik

Alors qu’une grave crise économique se profile à l’échelle mondiale sur fond de pandémie du Covid-19, la situation en Algérie s’annonce délicate à en croire l’Office national des statistiques (ONS) qui a rendu public dimanche 19 avril les chiffres de la croissance pour 2019, rapporte le site d’information Algérie 1.

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En effet, l’ONS indique que la croissance économique globale en 2019 s’est établie à 0,8%, contre 1,4% en 2018, soit un recul de 43%. Dans le même sens, il souligne que le Produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures a progressé de 2,4% en 2019, contre 3,3% en 2018, soit une baisse de 27%.

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La note du service met l’accent sur certains secteurs clés de l’économie algérienne.

En effet, elle indique que le secteur industriel a enregistré un taux de croissance annuel de 4,3% en 2019, contre 4,1% en 2018, soit un recul 5%. Celui du BTPH a connu une croissance de 3,6% en 2019, contre 5,2% en 2018, enregistrant une chute de 30%.

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La tendance est la même pour le secteur de l’agriculture, sylviculture et pêche qui a enregistré une croissance de 2,3% l’année dernière, contre 5% en 2018, soit une dégringolade de 54%.

Pour ce qui est des services marchands, la croissance a été de 3,1% en 2019, contre 3,7% en 2018, soit une diminution de 16%.

Enfin, le secteur des hydrocarbures, poumon de l’économie algérienne et seule ressource en devises, a connu, selon l’ONS, un recul de 4,9% en 2019. Elle reste cependant d’une ampleur moindre par rapport à celle enregistrée en 2018 avec une baisse de 6,4%.

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Dans un papier publié le 16 avril dans les colonnes du journal Le Soir d’Algérie intitulé «Crise économique: rompre impérativement avec les méthodes de gestion du passé», l’ancien ministre algérien du Trésor Ali Benouari (1991-1992), expert international en finances et président du parti non agréé Nida El Watan (l’Appel de la Patrie), attire l’attention des hautes autorités du pays sur neuf mesures économiques et financières à prendre en urgence à même de relancer l’économie du pays.

«Derrière la crise sanitaire du coronavirus qui sévit se profile en effet une grave crise économique et financière», écrit M.Benouari, qui prévient que «si rien n’est entrepris rapidement, c’est-à-dire aujourd’hui, le pays se retrouvera en faillite avant que les plaies de la pandémie ne se soient refermées».

Ainsi, il préconise dans un premier temps la dévaluation de la monnaie d’au moins 50%. Selon lui, cette mesure «pourrait annihiler l’effet de la chute de 50% du prix du pétrole, [et] aidera aussi, en les renchérissant de 50%, à réduire les importations, et ce sans intervention administrative».

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Pour l’expert, les accords de libre- échange avec l’Union européenne et les pays arabes, qui ont contribué à détruire l’outil de production national sans apporter aucun avantage, doivent être suspendus «le temps qu’il faudra pour rebâtir une économie compétitive».

À ceci vient s’ajouter la «taxation des grosses fortunes et exonération d’impôt des petits revenus et des start-up». «La confiscation des biens de tous les oligarques qui ont été condamnés et la récupération par le Trésor public de tous leurs avoirs détenus illégalement à l’étranger». Le changement de tous les billets de banque et la taxation à 30% des fortunes non déclarées. L’impératif catégorique de maintenir les réserves de change à 50 milliards de dollars et n’importer de l’étranger que ce qui est essentiel à hauteur du surplus des réserves en devises. Obliger tous les citoyens résidents fiscaux en Algérie à déclarer leurs biens à l’étranger, afin de les taxer comme des fortunes non déclarées et qui se trouvent en Algérie. La révision du système actuel des subventions qui appauvrit le pays et ne profite qu’aux riches en mettant en place un filet social et des mesures de protection des travailleurs et des chômeurs.

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Enfin, il prône la révision de la part du budget de fonctionnement alloué aux ministères de l’Intérieur et de la Défense dans les limites imposées par les exigences de la sécurité intérieure et extérieure du pays. Les budgets de la présidence de la République et du ministère des Moudjahidine (Anciens combattants) doivent également être réduits, estime Ali Benouri qui affirme que ces quatre institutions «consomment près de 40% du total du budget de fonctionnement, laissant aux secteurs productifs une part dérisoire».

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