À une dizaine de jour du début du mois de ramadan, le vendredi 24 avril, une polémique a éclaté en Algérie quant à la question de l’observance, ou non, du jeûne de ce mois sacré, et ce en raison de la situation sanitaire critique liée à la propagation de l’épidémie du coronavirus. Le détonateur? Un article publié par l’ex-ministre des PME puis du Commerce Nour-Eddine Boukrouh, intellectuel connu pour sa quête de rénovation de l’islam, qui suppose que «le vieux savoir religieux invariable en tout temps et tout lieu sera confronté à un sérieux embarras» si l’épidémie du Covid-19 venait à se compliquer et à durer dans le temps. Une publication qui a fait réagir le Haut conseil islamique (HCI) algérien mardi 14 avril.
L’avis religieux du HCI
Par ailleurs, le conseil invite les docteurs en théologie à soumettre leurs avis à la commission des fatwas qui les examinera avant de se prononcer définitivement.
Enfin, le HCI appelle «à ne pas parasiter l’esprit des citoyens et à ne pas bouleverser leur quiétude en cette conjoncture où l’heure est à l’unité», rapporte TSA.
L’avis d’un théologien
Et d’expliquer qu’«il y a au moins 13 publications [scientifiques, ndlr] sérieuses et officielles qui indiquent que le jeûne ne peut en aucun cas favoriser la maladie. […] Le jeûne réactive le système immunitaire».
Invité à s’exprimer sur la question, M. Chekkat affirme que «jusqu’à présent, il y a eu une première fatwa sortie d’Al Azhar [la plus grande université de théologie dans le monde musulman se trouvant au Caire, ndlr] et son équipe de scientifiques et tout indique que rien ne s’opposerait au jeûne dans cette séquence de coronavirus».
Une tempête dans un verre d’eau?
En réalité, Nour-Eddine Boukrouh estime dans son texte que si aucun remède n’est trouvé au «Covid-19 d’ici le ramadan, […] le vieux savoir religieux invariable en tout temps et tout lieu sera confronté à un sérieux embarras: consentir à la suspension du jeûne cette année car un gosier sec favorise l’implantation du virus, ou la refuser et braver le risque d’une plus large contamination des musulmans et des non-musulmans qui vivent ensemble presque partout». «Qu’est-ce qui doit primer? La vie d’un nombre indéterminé d’êtres humains ou une prescription religieuse?», s’interroge-t-il?
Pour conclure son texte, Nour-Eddine Boukrouh écrit: «Où a-t-on vu un appel de ma part, mufti malgré lui, à ne pas jeûner cette année? On ne le saura jamais».