Après le «Super Tuesday» aux États-Unis, le choix du candidat du Parti démocrate qui affrontera Donald Trump lors des élections de novembre se précise. Plusieurs candidats ont décidé de jeter l’éponge juste avant cette journée de multiples primaires. Dorénavant, Joe Biden, 77 ans, peut affirmer qu’il est le plus jeune à concourir à l’investiture du Parti Démocrate. Son seul concurrent encore en lice est le sénateur Bernie Sanders, 78 ans.
Gérald Olivier, journaliste, chercheur associé à l’Institut de Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), et rédacteur en chef du blog «France-Amérique», commente l’évidence:
«Ce parti aujourd’hui est victime de sa gérontocratie. C’est-à-dire que l’on a des hommes politiques qui sont là depuis quatre décennies. Rappelons que Joe Biden, qui fait figure de “frontrunner”, de favori, a été élu au Congrès pour la première fois en 1972.»
L’expert explique pourquoi l’establishment démocrate mise sur Biden, malgré des problèmes de performances lors des débats:
«Derrière la candidature de Joe Biden, il y a un calcul tout bête et tout simple qui a été fait dès le 10 novembre 2016, à la suite de l’élection de Donald Trump. À savoir que l’État de Pennsylvanie, l’État du Michigan, et l’État du Wisconsin, qui sont les trois États-clés qui ont basculé de Démocrate vers Donald Trump, ont été remportés par un total de 77.000 voix.
Il y a 77.000 électeurs qui font la différence sur 130 millions de votants. Si vous faites 15.000-20.000 électeurs dans chacun de ces États, ils retournent dans l’escarcelle Démocrate, Hillary Clinton aurait été élue, et le candidat Démocrate dans un cas de figure exactement identique à 2016 gagne en 2020.»
Olivier décrit le puissant soutien derrière la candidature de Biden:
«Aujourd’hui, quand on regarde qui soutient Joe Biden, c’est l’appareil du Parti Démocrate et cet appareil est soutenu principalement par la finance, par les sociétés d’assurances, par les grandes compagnies que dénonce en permanence Bernie Sanders.»
«Le risque de Bernie Sanders, ce n’était pas seulement qu’il perde face à Trump, et que donc les Démocrates se retrouvent avec quatre ans sans la Maison-Blanche, mais qu’il fasse basculer la Chambre des représentants, c’est-à-dire qu’un certain nombre d’élus Démocrates soient jugés trop à gauche et ne parviennent pas à être réélus et que les Républicains reprennent contrôle de la chambre.»
Le journaliste et auteur a aussi son idée sur l’abandon de plusieurs candidats juste avant le «Super Tuesday»:
«Les Démocrates ont réalisé que Bernie Sanders avait de vraies chances d’emporter la nomination si le processus se prolongeait tel qu’il avait commencé. C’est-à-dire s’il y avait trois, quatre, cinq, six, candidats avec Bernie Sanders sur la gauche et tous les autres en train de se disputer le reste des électeurs.»