Une cinquantaine de pays sont à présent touchés par le coronavirus. Parmi eux, des pays européens, du Royaume-Uni à la Grèce en passant par les Pays-Bas et la Roumanie, tous les malades revenant d’un voyage en Italie, principal foyer d’infection sur le continent. Ainsi, tous les pays limitrophes du pays, à savoir la Croatie, l’Autriche, la Suisse et la France sont-ils à présent touchés par le coronavirus. En Lombardie, les autorités italiennes ont placé en isolement une dizaine de villes.
«Il est inutile d’essayer d’empêcher la contamination, on va plutôt gérer les cas, les malades et les soigner», déclarait le 25 février le nouveau ministre français de la Santé, Olivier Véran, à l’issue d’une rencontre à Rome avec ses homologues européens.
Les pays voisins de l’Italie estimaient alors que de fermer la frontière avec l’Italie constituait une «erreur». Le successeur d’Agnès Buzyn insistait alors sur le fait qu’«à l’heure à laquelle je vous parle, en Italie, il n’y avait pas d’épidémie» et qu’«éviter la circulation du virus» était ce à quoi s’attelaient les gouvernements européens depuis un mois. Ne pas fermer les frontières, une mesure qui le soir même avait été qualifiée de «rassurante» par le service public audiovisuel français. L’Italie comptait alors 130 cas. Aujourd’hui, leur nombre a quadruplé pour s’établir à 655, avec 17 décès.
Si l’Europe tient à se montrer rassurante, d’autres pays prennent des mesures drastiques. Au-delà de l’Italie –épicentre européen de la maladie– qui a placé une dizaine de villes à l’isolement, la Corée du Sud –qui compte 2.022 personnes infectées– a entrepris la vérification de l’état de santé des pas moins de 210.000 membres de l’Église Shincheonji de Jésus. Face à la contamination qui s’étend au Moyen-Orient (notamment en Iran), l’Arabie saoudite a «temporairement» fermé sa frontière aux pèlerins se rendant à La Mecque. Le Japon, pour sa part, a décidé de fermer ses écoles à partir du 2 mars.
Quant à la Chine, elle place à présent systématiquement en quarantaine les voyageurs arrivant de pays durement touchés par le virus, espérant ainsi éviter l’importation de cas au moment où les importants efforts déployés par le pays semblent commencer à porter leurs fruits, avec une diminution des cas supplémentaires recensés chaque jour. Un résultat obtenu au prix du confinement de la région de Wuhan, dans laquelle vivent près de 50 millions de personnes.
«La circulation des personnes aujourd’hui fait que la notion de frontières physiques n’a pas de sens pour un virus» défendait pourtant Sibeth Ndiaye sur le plateau d’Europe1, le 26 février.
«Nous demandons aux gens qui rentrent de Lombardie de rester confinés chez eux» détaille à Sonia Mabrouk la porte-parole du gouvernement, qui appelle à «garder ses nerfs, […] son calme». Évoquant «moins d’une vingtaine de cas», celle-ci insiste sur la nécessité d’apporter une «réponse graduée» à l’évolution de la maladie, estimant qu’il n’y avait «pas encore de circulation épidémique du virus», tout en n’excluant pas la possibilité qu’une épidémie finisse par se déclarer en France. Mais peut-on pour autant compter sur le seul bon sens de l’ensemble de nos concitoyens? Trois jours après ces déclarations, l’Hexagone recense 57 cas.
Pourrait-on donc se retrouver dans une situation où, après n’avoir soumis à aucun contrôle des voyageurs arrivant de Chine en France, les autorités chinoises ne décident de placer systématiquement toutes les personnes arrivant de France en quarantaine? Si les autorités semblent réticentes à limiter la circulation des personnes, vraisemblablement pour des raisons économiques (ou diplomatiques?), qu’adviendrait-il si les autorités devaient demain prendre en charge des dizaines de milliers de personnes appelées à rester chez elles… sans parler du coût d’une paralysie de l’économique dans des zones entières?