Un député demande à Macron un «vaste projet» de retrait des déchets radioactifs à Mururoa, en Polynésie

«Plutôt que de faire l'autruche», la France devrait s’engager dans un projet de retrait des déchets et résidus radioactifs issus des essais nucléaires de Moruroa. Tel est le message d’un député polynésien envoyé au Président de la République.
Sputnik

Le député de Polynésie Moetai Brotherson a demandé dans un courrier à Emmanuel Macron, qui sera en avril dans l'archipel polynésien, qu'il s'engage sur «un vaste projet de retrait et de retraitement de l'ensemble des déchets et résidus radioactifs issus des essais nucléaires de Moruroa», informe l’AFP.

De 1966 à 1996, les atolls de Mururoa et Fangataufa ont été le théâtre de 193 essais nucléaires qui ont eu des effets sur la santé et l'environnement des populations. Le chef de l'État devrait se rendre en Polynésie à la mi-avril, au moment de la tenue de deux sommets, France-Océanie et One Planet Summit.

«Monsieur le Président, plutôt que de faire l'autruche, la République Française s'honorerait à s'engager dès aujourd'hui dans un ambitieux et vaste projet de retrait et de retraitement de l'ensemble des déchets et résidus radioactifs issus des essais nucléaires de Moruroa», explique le député rattaché au groupe communiste à l'Assemblée et représentant du Tavini Huiraatira, parti indépendantiste polynésien, dans une lettre dont l'AFP a eu copie vendredi.

Il rappelle que les essais nucléaires, «notamment dans leur partie souterraine, ont généré une quantité de déchets et résidus radioactifs». «Aujourd'hui, une proportion non négligeable de ces déchets est stockée dans des puits de plusieurs centaines de mètres de profondeur percés dans l'anneau corallien de Moruroa, ou pire, au fond de son lagon, notamment au lieu-dit "banc Colette"», raconte-t-il.

L’héritage toxique de la France à la Polynésie
Mais «des fissures dans le socle même de l'atoll», «induites par les essais souterrains notamment», menacent «d'effondrement une partie de l'atoll. Il appert que, tant les puits de confinement, que le banc Colette se situent précisément dans la zone menacée», explique-t-il.

Pour le député polynésien, ne pas s'engager sur la dépollution du site «serait envoyer un message dramatique aux Polynésiens, aux Peuples de Pacifique, mais aussi au Peuple de France, notamment à sa jeunesse qui veut voir [...] de vrais actes forts en faveur de l'environnement».

Moetai Brotherson souligne que «le plus gros investissement réalisé par l'État en Polynésie française ces dernières années est le projet TELSITE de surveillance géo mécanique de Moruroa. Les milliards investis viennent encore souligner la réalité de cet effondrement, véritable épée de Damoclès, pour les Polynésiens d'abord, pour la région Pacifique ensuite, pour la réputation de la République Française enfin».

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