Lors de sa rencontre avec les patrons de huit médias nationaux, Abdelmadjid Tebboune a remis sur la table la polémique sur l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste dans le sud du pays. Fin 2014 et début 2015, l’annonce de forages par fracturation hydraulique dans la région d’In Salah avait provoqué une révolte inédite de la population, laquelle s’est accentuée du fait que le groupe français Total mène ces forages au moment où la France a formellement interdit l’exploitation de ce genre d’hydrocarbures non conventionnels sur son sol.
«L’exploitation du gaz de schiste est nécessaire», a déclaré le chef de l’État algérien. «Il y a eu par le passé une réaction négative de la population d’In Salah», a-t-il ajouté, soulignant que «l’exploitation du gaz de schiste a évolué». «Aux États-Unis, actuellement, il y a des puits de gaz de schiste entre les villas», a-t-il fait savoir, indiquant sa volonté de lancer un large débat national pour éclairer l'opinion publique sur les enjeux économiques et environnementaux autour de cette question.
Le gaz et le pétrole de schiste, une solution à la crise économique?
Les volumes d’exportation des hydrocarbures, seule source de devises pour le pays, connaissent un recul inquiétant. En effet, en plein débat sur le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures, le ministre algérien de l’Énergie Mohamed Arkab a déclaré mardi 29 octobre devant la Commission des affaires économiques à l’Assemblée populaire nationale (APN) que «60% des réserves initiales d’hydrocarbures du pays étaient épuisées». Il a précisé que cette situation résultait de la hausse de la consommation locale et de l’exportation, selon l’Algérie Presse Service (APS). Le taux de chômage en Algérie, qui dépasse déjà les 11%, risque encore de connaître une importante hausse, selon certains experts algériens.
Un ministre, opposant radical à l’exploitation du schiste
L’actuel ministre algérien de l’Enseignement supérieur Chems Eddine Chitour, ex-professeur émérite en génie chimique à l’École polytechnique d’Alger, est un opposant notoire à l’exploitation des hydrocarbures de schiste. Dans une récente intervention à la Radio nationale algérienne, M.Chitour met en garde les pouvoirs publics contre le risque de pollution de la nappe phréatique qui traverse le Sahara algérien.
L’Algérie recèle de diverses ressources énergétiques en plus des hydrocarbures, explique le spécialiste. Les énergies solaire, éolienne, géothermique et nucléaire font partie des atouts algériens, détaille-t-il. «Le pétrole doit nous aider à sortir du pétrole», affirme le Professeur Chitour, qui souligne que son pays a tout à gagner en investissant une partie des revenus issus de l’exportation des hydrocarbures dans le développement de nouvelles ressources énergétiques et de la pétrochimie.
Le Président Tebboune a reçu les patrons de médias algériens le jour de la visite à Alger du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, qui a mis en avant la volonté de son pays d'ouvrir une «nouvelle phase» dans ses relations bilatérales avec l'Algérie, soulignant que les deux États «partagent la volonté de rengager leurs échanges au plus haut niveau [...] afin de lancer une nouvelle dynamique dans tous les secteurs de coopération».