À l’occasion de la fête de la révolution du 14 janvier, des centaines de personnes ont manifesté mardi dans la capitale Tunis devant le siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), scandant «Travail, liberté, dignité nationale», l'un des slogans phares de la révolution. Comme l’a indiqué à Sputnik l’économiste tunisien Ezeddin Saidan, faute de croissance économique, la classe moyenne se trouve au bord de la disparition.
Une nouvelle révolution en gestation?
«Si la situation actuelle en Tunisie ne change pas, une nouvelle révolution éclatera dans le pays où les tensions entre les partis politiques sont extrêmement fortes. Le fait que les gens descendent dans la rue le jour de l’anniversaire de la révolution montre que les Tunisiens sont toujours attachés à la réalisation de ses objectifs et qu’ils sont prêts à poursuivre la lutte révolutionnaire, si besoin», a déclaré à Sputnik Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT.
Et d’ajouter qu’il fallait accélérer la formation d’un nouveau gouvernement, l’administration tunisienne étant aujourd’hui en panne en raison de l’absence d’un nouveau cabinet de ministres.
«Il nous faut soit un gouvernement du salut national soit un gouvernement des intérêts nationaux. Il importe que le prochain gouvernement soit à la hauteur des attentes des Tunisiens et puisse leur donner une lueur d’espoir», résume le dirigeant syndical.
Selon des observateurs, le peuple tunisien qui avait déclenché une révolution pacifique il y a neuf ans constate avec regret que rien n’a vraiment changé et exige des autorités qu’elles résorbent les problèmes d’emploi. Le gouvernement est appelé à définir des priorités urgentes et à traiter les problèmes des régions, des jeunes et des différentes catégories sociales.
«Depuis les neuf dernières années, la Tunisie s’est beaucoup affaiblie à cause de la ligne politique et économique choisie après la révolution de 2011. […] 1% de croissance économique, c’est très peu. C’est beaucoup moins que la croissance démographique et le coût des prêts extérieurs», a déclaré à Sputnik l’économiste tunisien Ezeddin Saidan.
Et de rappeler que la classe moyenne se trouvait au bord de la disparition en Tunisie, alors que le dinar tunisien avait perdu 70% de sa valeur depuis la révolution.
«Il va sans dire que toute l’économie en a pâti, et que le pouvoir d’achat des Tunisiens a diminué», a relevé le spécialiste.
Un événement qui a marqué le début du Printemps arabe
Renversant le Président Zine el-Abiddine Ben Ali, la révolution du 14 janvier en Tunisie a marqué le début du Printemps arabe. C'est cet événement qui a donné une impulsion au développement d'actions antigouvernementales, à la suite desquelles les Présidents Hosni Moubarak en Égypte, Ali Abdullah Saleh au Yémen ont été renversés et l'ancien chef de la Libye Mouammar Kadhafi a été tué.