Voilà comment le New START «peut éviter le sort du traité nucléaire FNI»

Le Traité New START, le seul document liant encore la Russie et les États-Unis en matière de réduction des armes nucléaires, peut éviter le sort du traité FNI devenu caduc suite au retrait de Washington. Daryl Kimball, directeur exécutif de l’Arms Control Association, a fait part à Sputnik de ses réflexions à ce sujet.
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Il reste encore des moyens de prolonger le traité New START russo-américain sur la réduction des armes nucléaires, qui expirera le 5 février 2021, a déclaré à Sputnik Daryl Kimball, directeur exécutif de l'Arms Control Association, une ONG dédiée au désarmement.

«Le traité New START peut éviter le sort du Traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (FNI)», a indiqué M.Kimball.

Sergueï Narychkine, directeur du Service russe des renseignements extérieurs (SVR), a déclaré le 15 novembre, lors d’une conférence à Saint-Pétersbourg, que «le triste sort du traité FNI attendait le New START».

«Je crois que M.Narychkine est prématurément pessimiste», a exposé M.Kimball à Sputnik.

Le Traité New START voué à disparaître?

Le traité New START, est l’unique accord encore en vigueur entre la Russie et les États-Unis sur la réduction des armes nucléaires. Il a été signé en avril 2010 pour une période de dix ans avec possibilité de prolongation de cinq ans. Le texte a fixé la limite de 1.550 au nombre de têtes nucléaires déployées sur des lanceurs, eux-mêmes limités à 700.

À 15 mois de l’expiration du traité, Washington tarde à s’exprimer sur ses projets concernant ce traité que la Russie considère comme l'étalon-or dans le domaine du désarmement.

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La question du contrôle des armes nucléaires est devenue particulièrement aiguë après le retrait des États-Unis du Traité FNI.

La diplomatie russe appelle à renforcer les accords existants en matière de contrôle des armes nucléaires, à savoir le traité de non-prolifération (TNP), qui a été ratifié par l’URSS et les États-Unis il y a 50 ans, le 24 novembre 1969, ainsi que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), toujours non ratifié par Washington.

«Washington ne semble pas avoir de plan viable»

Le 22 octobre, dans une interview au magazine Politico, Donald Trump a souhaité élaborer un nouvel accord nucléaire impliquant la Chine, qui n'a jamais fait partie d'un tel traité.

Mais «contrairement à ce que le Président [des États-Unis, ndlr] pourrait croire, Washington ne déploie pas d’efforts actifs en vue de signer un accord de désarmement nucléaire avec Moscou ou Pékin et ne semble pas avoir de plan viable pour le faire», affirme Daryl Kimball dans un article paru le 1er novembre sur le site de l’Arms Control Association.

Début novembre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a qualifié de provocatrice la politique de Washington qui pose la participation de Pékin aux négociations russo-américaines comme condition au dialogue.

Pékin a pour sa part rejeté l’idée de M.Trump, la qualifiant de prétexte pour saper un traité de plus.

Éviter «une faute de politique étrangère»

Pour réduire et, à terme, éliminer les armes nucléaires, il importe de lancer des pourparlers avec d’autres États qui en possèdent, mais cela prendra du temps.

«Compte tenu du manque de préparation de l’administration Trump et de la complexité de ce projet, il est impossible de conclure un nouvel accord tripartite avec la Russie et la Chine avant que le New START vienne à son échéance […]. Laisser le traité expirer sans substitut viable serait une faute de politique étrangère», estime M.Kimball.

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Selon lui, si le Président des États-Unis veut réellement éviter une course aux armements, il doit commencer par prolonger de cinq ans le traité existant. En plus, cette idée trouve un écho auprès des militaires, des services secrets, des membres du Congrès américain, ainsi que des alliés des États-Unis, d’après l’expert.

Fin octobre, Eliot Engel, président du comité des Affaires étrangères de la Chambre des représentants du Congrès, et Bob Menendez, membre du comité, ont notamment exprimé leur préoccupation face à la stratégie nucléaire de l’administration Trump et ont appelé à prolonger le traité.

Convaincre la Chine

Pékin, qui posséderait quelques 300 ogives nucléaires, a fait savoir que Washington et Moscou devaient d’abord réduire davantage leurs arsenaux, d’après M.Kimball.

«Une approche plus réaliste pour les États-Unis et la Russie consisterait à négocier un nouveau traité avec des limites inférieures d’un tiers ou plus à celles prévues par le New START, si la Chine acceptait de ne pas augmenter son stock et adoptait des mesures de transparence», a-t-il indiqué.

Les trois pays pourraient alors entamer des pourparlers sur la stabilité stratégique, les armes hypersoniques et divulguer conjointement le nombre total d’ogives nucléaires qu’ils possèdent, selon l’expert.

«Ces efforts multilatéraux seront difficiles et prendront du temps […]. Prolonger le New START est la meilleure chance pour Trump de parvenir à un accord pour réduire le danger des armes nucléaires», a conclu M.Kimball.

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