Un ennemi invisible: comment repérer les symptômes du cancer

Le cancer du poumon est diagnostiqué chaque année chez près de 55.000 personnes en Russie. Dans seulement 20% des cas, la tumeur maligne est découverte à un stade précoce, quand les chances de guérison sont maximales. Mais dans la plupart des cas, la maladie n’est repérée qu’à un stade développé, quand la médecine est déjà impuissante.
Sputnik
«Parmi les maladies cancéreuses, le cancer du poumon est le plus fréquent après le cancer du sein. Il est diagnostiqué au quatrième stade dans 40% des cas et au troisième stade dans 30% des cas, et les 30% restants aux premier et second stades. Les hommes sont les plus touchés, ce qui est évidemment lié au tabagisme», explique Konstantin Laktionov, professeur de la chaire d’oncologie et de radiologie à la faculté thérapeutique de l’Université nationale de recherches médicales Pirogov.

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Selon Marina Sekatcheva, directrice de l’Institut d’oncologie de cluster de l’Université Setchenov, ceux qui ont pu se faire diagnostiquer la maladie au premier stade - environ 20% - peuvent compter sur un traitement chirurgical qui les débarrassera très probablement du cancer. Mais dans la plupart des cas les tumeurs malignes sont découvertes trop tard.     

«Le cancer du poumon ne se fait pas du tout sentir aux stades initiaux. L’apparition des premiers symptômes - la toux, la respiration courte, des maux dans la poitrine - correspond en général au troisième ou quatrième stade. A une étape si tardive, ni le traitement chirurgical ni la radiologie ne sont malheureusement plus en mesure de résoudre le problème. La thérapie anti-tumeur devient obligatoire. Malgré des progrès considérables, notamment grâce à l’oncologie immunitaire, le taux de survie à cinq ans reste très bas: environ 10%», explique la chercheuse.

Maîtriser le cancer

Les méthodes diagnostiques restent toujours assez imparfaites, soulignent les experts. Dans certains pays il existe de programmes de screening systémiques permettant aux personnes du groupe à risques - avant tout les fumeurs - de se faire examiner régulièrement les poumons.

«Ces programmes existent aux États-Unis et en Europe. Les patients âgés plus de 55 ans et qui ont fumé pendant plus de 15 ans sont examinés une fois par an à l’aide de la tomographie numérique, capable de déceler une tumeur aux stades précoces. En Russie, il y a l’examen clinique radiographique annuel. Il est plus sensible que la fluorographie. Le premier stade implique une tumeur jusqu’à 3 cm que la radiographie peut facilement repérer», souligne le professeur Laktionov.

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Selon Marina Sekatcheva, il existe une méthode efficace et moins dangereuse: l’analyse sanguine pour rechercher les dizaines de marqueurs biologiques connus du cancer. Un logiciel conçu par l’Université Setchenov permet de surveiller simultanément 14 indices et de repérer une tumeur à un stade précoce.

«Nous avons choisi un ensemble de marqueurs, puis avons traité par ordinateur les résultats des personnes saines et des malades du cancer du poumon. Cela a permis d’établir un schéma caractéristique des tumeurs malignes. Nous avons breveté cette méthode. Aujourd’hui, nous la testons activement chez nos patients. Nous envisageons de l’introduire d’ici un an en tant que système de soutien aux décisions médicales enregistré par le Service fédéral de surveillance dans le domaine de la santé», explique-t-elle. 

Un traitement personnalisé

«On constate une percée dans le traitement du cancer du poumon. Il existe beaucoup de médicaments ciblés et immuno-oncologiques. Malheureusement, nous ne pouvons pas toujours prédire leur effet sur un patient concret. Ainsi, il est important d’apprendre à sélectionner le médicament et la méthode de traitement optimaux pour chaque malade. A ces fins, il faut savoir trouver des indices permettant trouver le médicament le plus convenable pour chaque patient. C’est l’objet du travail des équipes scientifiques dans le monde entier, y compris au sein de notre université», souligne Marine Sekatcheva.

Les chercheurs de l’Université du Michigan (USA) proposent d’implanter sous la peau des personnes du groupe à risques une carcasse synthétique capturant les cellules cancéreuses agressives et les lymphocytes qui s’activent en réponse à leur apparition. Cela pourrait permettre à diagnostiquer le cancer du poumon à un stade très précoce. Qui plus est, ces «capteurs» devraient permettre aux médecins de surveiller l’évolution de la tumeur et sa réaction à la thérapie choisie, ce qui permettrait de corriger à temps la méthode de traitement.

«Chaque patient se distingue par sa propre biologie de la tumeur. Mieux nous connaîtrons les particularités biologiques de cette formation maligne, plus efficace sera le traitement. Même aujourd’hui, dans le groupe des patients affectés du quatrième stade du cancer du poumon, 15% de ceux qui bénéficient d’une thérapie immunitaire bien choisie peuvent espérer une survie très longue, voire la guérison. Il y a dix ans, aucun malade diagnostiqué à ce stade ne pouvait en principe bénéficier de la thérapie immunitaire. C’est pourquoi nous ne pouvons pas prédire la durée de l’effet. Aujourd’hui, on a réussi à atteindre une survie de sept, huit voire neuf ans», précise Konstantin Laktionov.      
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