Ce lundi 4 novembre, Emmanuel Macron se rend en Chine pour la deuxième fois depuis le début de son quinquennat. Au menu, des discussions qui porteront sur les relations économiques, culturelles, écologiques, mais aussi sur la situation des relations internationales. Lors de cette visite de deux jours, le Président de la République se rendra à Shanghai, notamment pour visiter la foire des importations, et inaugurera une antenne du centre Pompidou.
Hormis une cohorte de diplomates, Emmanuel Macron emmène avec lui une délégation pour le moins éclectique. En plus des chefs d’entreprises et de start-up françaises, il est également accompagné avec lui le commissaire européen à l’agriculture sortant, Phil Hogan, qui sera responsable du commerce dans la Commission d’Ursula Von der Leyen. De plus, devrait se joindre à cette délégation non seulement des entreprises allemandes, mais aussi Anja Karliczek, ministre de l’Éducation et de la Recherche allemande, qui viendra compléter la délégation en cours de visite.
Certains sujets épineux risquent d’être évoqués au cours des différentes rencontres entre dirigeants. Parmi eux, la situation à Hong-kong, la stratégie indopacifique de la France, ou encore la politique environnementale du géant chinois. Des discussions qui ne devraient pas mettre trop de pression à Pékin, tant le rapport de force entre les deux pays est défavorable à Paris. C’est d’ailleurs ce qu’explique Jean-Vincent Brisset, directeur de recherches à l’Iris, à nos confrères de 20 minutes:
«Aux yeux des Chinois, la France est un pays comme les autres. Pour les Chinois, hors du “romantisme”, et de quelques aspects industriels comme les Airbus, la France est placée très loin sur la carte. Elle est vue comme un petit État européen, loin derrière l’Allemagne et l’Angleterre.»
La France dispose tout de même d’un levier qu’il est difficile pour Pékin de négliger. En effet, à l’heure de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, Pékin a besoin d’alliés, ou, au moins de partenaires fiables. La France pourrait éventuellement jouer sur son rôle de «puissance d’équilibre» entre Washington et Pékin, mais aussi entre Bruxelles et Pékin. Pour autant, Paris dispose-t-il des ressources et de l’influence nécessaires pour se poser en interlocuteur de poids entre ces trois pôles? C’est ce que Sputnik a demandé à Mary-Françoise Renard, Responsable de l’Institut de Recherche sur l’économie de la Chine.
Sputnik France: Macron va négocier de nouveaux accords, certes, mais quelles nouvelles propositions ou initiatives peut-il apporter dans les relations bilatérales entre la France et la Chine?
Mary-Françoise Renard: «C’est une vaste question. Au niveau des relations purement bilatérales, il y a beaucoup de choses qui sont exclues, car déjà, toute la politique commerciale est européenne. Si la France participe à définir cette politique, elle ne la définit pas toute seule. Il y aura aussi probablement des discussions sur les grands problèmes politiques dans le monde aujourd’hui. Dans ces visites, qui restent très importantes, une grande partie est dédiée à la diplomatie économique, donc essayer de négocier des contrats et éventuellement discuter en amont sur des sujets qui peuvent être plus compliqués.»
Sputnik France: La Chine compte sur l’aide de la France pour faciliter la signature d’un accord d’investissement avec l’Union européenne. À quel point la France est-elle prête à jouer ce rôle?
Mary-Françoise Renard: «Je ne vois pas trop les choses comme ça. En Europe, la Chine a beaucoup plus de relations avec l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Pour le Président chinois, discuter avec un Président est toujours une avancée en comparaison avec les discussions à l’échelle européenne. De là à dire que la France soit un partenaire privilégié dans les discussions avec l’Europe, je ne pense pas.»
Sputnik France: À quel point les Français et les Européens sont-ils libres de choisir leur politique vis-à-vis de la Chine, compte tenu des relations troubles entre Pékin et Washington?
Mary-Françoise Renard: «Bien sûr que l’Europe a une marge de manœuvre, c’est le premier partenaire commercial de la Chine. C’est d’ailleurs un enjeu politique important. Selon moi, l’Europe a même intérêt à s’affirmer dans ce sens. Bien entendu, il faut tenir compte des relations avec les États-Unis, mais les Européens n’ont pas que de bonnes relations avec ceux-ci. Les Américains veulent d’ailleurs prendre certaines mesures protectionnistes vis-à-vis des Européens. Je ne pense vraiment pas qu’on puisse définir la relation de l’Europe avec la Chine en fonction de la politique américaine vis-à-vis du géant chinois.»