La «compassion de Macron ne lui coûte rien»: le personnel hospitalier en a ras-la-blouse

Après huit mois de grève, les personnels hospitaliers ne décolèrent pas. Ce 29 octobre, alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale est soumis aux votes des députés, les collectifs Inter-hôpitaux et Inter-urgences défilaient à Paris pour alerter le gouvernement sur la situation de l’hôpital public. Sputnik était sur place.
Sputnik
«Évidemment que moi, l'une des choses qui me bouleverse le plus, c'est quand je vois nos infirmières, nos aides-soignants, nos médecins qui sont en souffrance au travail alors qu'ils sont d'un dévouement incroyable, qu'ils ne comptent pas leurs heures, leur énergie et qu’ils sont mis dans des situations impossibles.»

Hôpitaux: les services d’urgence en grève pour dénoncer le manque de moyens
Pour répondre au mouvement de grève inédit qui touche les services hospitaliers depuis près de huit mois Emmanuel Macron a choisi de répondre dans un entretien à RTL par la compassion. Il a en profité par la même occasion pour annoncer qu’il «va falloir qu'on remette des moyens» pour les urgences. «On a fait un très gros travail pour penser l'hôpital et la santé de demain» mais «on arrive au bout d'un système qui tirait sur la corde depuis 10 ou 15 ans, et ça claque maintenant», a déclaré le chef de l’État.

​En effet, les services d’urgences sont saturés. Chaque année, 21 millions de personnes se présentent aux urgences, dont quatre millions sans en avoir besoin. Selon les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), le nombre d’admissions augmente de 3,5% en moyenne et a doublé en 20 ans.

Un hôpital public pourrait être repris par le privé pour la première fois en France
Pour tenter de résoudre cette crise, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a annoncé en septembre que l’État allait débloquer 750 millions d’euros d’ici à 2022. Un investissement qui n’avait guère convaincu les personnels grévistes, si bien que la ministre de la Santé a à nouveau expliqué qu’un «plan de soutien» pour l’hôpital sera «présenté dans le courant du mois de novembre» et «il y aura évidemment des moyens associés». «Je prépare un plan pour l'hôpital public et l'hôpital en général. [...] Un plan de soutien parce qu'il faut réinvestir», a-t-elle déclaré mercredi 23 octobre sur BFM TV et RMC.

Selon le collectif Inter-urgences, 260 services sont toujours en grève. À l’occasion du vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale ce mardi 29 octobre, les membres des collectifs Inter-hôpitaux et Inter-urgences défilaient à Paris pour alerter sur la situation de l’hôpital public.

«On manifeste très clairement en direction du ministère de l’Économie et des Finances pour obtenir une augmentation du budget pour les hôpitaux publics. Sachant que depuis six ans, le budget des hôpitaux publics a été raboté en permanence et que là on gère la pénurie avec des risques pour les patients et pour les équipes. […] Une fois l’hôpital public détruit, il ne sera pas remplacé», déplore au micro de Sputnik le Dr François Salachas, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Et de poursuivre:

«D’une manière générale, nous ne faisons confiance à aucune annonce. Ce que l’on veut ce sont des faits. Si Emmanuel Macron avait dit: "oui j’augmente l’Odam (objectif national de dépenses) de 2,1% à 4%", là on l’aurait cru. Pour l’instant, cette compassion ne coûte rien à Emmanuel Macron. Les faits sont têtus et actuellement le budget de l’hôpital public n’augmente pas. Il est voté en ce moment à l’Assemblée et pour le moment nous ne voyons rien venir.»
Discuter