Lors de son face-à-face avec le Président russe Vladimir Poutine, au cours duquel il a remercié le dirigeant pour son précédent appui en instructeurs militaires, M. Touadéra a déclaré que «des armes lourdes sont nécessaires pour nous permettre de créer des forces efficaces».
«Tout au long de 2018, Moscou a pris les premières mesures concrètes pour consolider l’alliance naissante. Premièrement, il a augmenté son soutien militaire à la RCA, avec une importante cargaison d’armes et l’envoi d’instructeurs militaires. Deuxièmement, la Russie a intensifié ses relations diplomatiques bilatérales et sa coopération militaire avec l’État centrafricain», a confié à Sputnik le sociologue Karl Blagué, observateur de la vie politique en Centrafrique.
Imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU et en vigueur depuis 2013, l’embargo qui pèse sur les armes en Centrafrique est de plus en plus remis en question. Et au vu des progrès considérables accomplis par les autorités pour faire avancer la réforme du secteur de la sécurité, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé en septembre dernier d’alléger plus globalement ces mesures.
Touadéra a demandé à la Russie d'intervenir sur l'embargo
La Russie a commencé à manifester un intérêt considérable pour la RCA en octobre 2017, lorsque le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est entretenu à Sotchi avec Faustin-Archange Touadéra. Elle a par la suite impulsé son action diplomatique en RCA à l’ONU. Ainsi, elle a réussi à obtenir du Comité de sanction à New York une dérogation lui permettant d’envoyer des armes et des munitions aux Forces armées centrafricaines (FACA) et de mandater des instructeurs pour les entraîner et les accompagner une fois déployés sur le territoire. Et début 2018, l’arrivée d’armes et de dizaines de conseillers militaires en Centrafrique, pourtant un pré carré français, a permis à la Russie de faire un spectaculaire retour sur le théâtre africain.
La France a salué l’adoption à l’unanimité de cet assouplissement de l’embargo sur les armes qui répond à l’appel exprimé par les autorités centrafricaines et qui reflète, selon elle, de manière équilibrée les positions des membres du Conseil de sécurité.
«Les groupes armés obtiennent des armes lourdes en contournant l'embargo imposé par l’ONU sur les armes à destination de la RCA, c'est pourquoi nous ne pouvons pas contrôler l'ensemble du territoire national», a confié le président centrafricain à l’AFP lors de cette rencontre bilatérale.
La Russie a souhaité que les prochaines discussions du Conseil de sécurité des Nations unies, en janvier 2020, permettent d’assouplir encore plus cet embargo pour aider le gouvernement centrafricain à restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire.
Vladimir Poutine a qualifié la RCA de «partenaire prometteur» pour la Russie
Ce sommet «Russie-Afrique», qui doit se tenir tous les trois ans, est d’autant plus important pour Moscou qu’après cinq années de sanctions économiques occidentales, la Russie a un besoin crucial de partenaires et de débouchés pour conjurer sa croissance atone.