En marge du forum économique Russie-Afrique qui se tient les 23 et 24 octobre à Sotchi, Abderrahim El Hafidi, directeur général de l’Office national de l’eau et de l’électricité (Onee) marocain, a expliqué dans un entretien accordé à Sputnik la stratégie de son pays dans le développement de la production d’électricité à partir des énergies renouvelables. Il a avancé que les pays du Maghreb, notamment le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie, pouvaient former un seul et même bloc exportateur d’électricité vers l’Europe s’ils unissaient leurs forces. Il a par ailleurs ajouté que les entreprises russes pourraient jouer un rôle important dans ce domaine, entre autres dans le cadre d’un consortium russo-marocain.
La politique énergétique marocaine
Par cette stratégie lancée sous l’impulsion du roi Mohammed VI, le royaume chérifien vise deux objectifs.
Le premier «est d’assurer une autosuffisance complète au pays et de lui éviter les ruptures», a expliqué M.El Hafidi, soulignant que le Maroc visait également à diminuer sa «dépendance énergétique par rapport à l’étranger et enfin booster l’industrie énergétique dans le royaume en ramenant le maximum d’investissements étrangers».
Le second, «l’étape ultime de cette stratégie, est que le Maroc espère exporter son surplus d’électricité vers l’étranger d’autant plus qu’il dispose d’une interconnexion avec l’Europe et l’Algérie», a affirmé le directeur général de l’Onee, annonçant que son pays «envisageait également de développer d’autres connexions avec des pays subsahariens via la Mauritanie».
Comment le Maghreb peut-il devenir exportateur d’électricité?
Pour le responsable, plusieurs facteurs militent en faveur de cette vision. En effet, il a rappelé que «l’Europe a mis en place l’idée d’un pacte énergétique qui, malgré certains obstacles, va aboutir inéluctablement à une interconnexion continentale de tous les réseaux électriques nationaux européens». «Ceci forcera l’Europe à chercher à se connecter à d’autres marchés voisins, notamment celui de l’espace méditerranéen», a-t-il soutenu.
Tout en soulignant que «le Maroc avait signé des accords de coopération avec l’Union européenne et certains pays européens concernant un marché libre de l’énergie», M.El Hafidi a mis en avant le fait que «le royaume chérifien avait déjà une interconnexion électrique avec l’Espagne et qu’il envisageait de construire une autre avec le Portugal, qui est en cours d’études».
«Ce qui est important dans ce contexte, c’est de développer ces rapports économiques et commerciaux dans le secteur de l’énergie entre différents espaces géographiques, comme le Maghreb et l’Europe», a indiqué le responsable, soutenant que «de ce point de vue, la participation de l’Algérie est très importante». «Car cela va donner aux pays du Maghreb plus de capacités économiques et de poids dans les négociations», a-t-il lancé.
«Le Maroc défend l’idée d’un marché mondial ouvert de l’électricité où les pays pourront exporter et importer une meilleure qualité à un prix intéressant», a-t-il mis en avant.
L’apport de la Russie
En conclusion, le responsable marocain a fait savoir que toute participation internationale, notamment russe, à la réalisation de cette vision était la bienvenue.
La Tunisie rejoindra-t-elle aussi la locomotive?
En effet, lors de la deuxième édition du Forum de la Mer dédié à l’économie bleue qui s’est tenu à Bizerte, en Tunisie, Slim Feriani, ministre tunisien de l’Industrie et des PME, a évoqué le projet d’interconnexion électrique entre la Tunisie et l’Italie.
Selon le site d’information tunisien Le petit journal, ce projet prévoit la mise en place d’une ligne sous-marine de 192 kilomètres qui permettra l’exportation de la Tunisie vers l’Italie de 600 mégawatts d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables. S’appuyant sur ce projet d’un coût de 160 millions d’euros, le ministre a indiqué que son pays avait pour objectif de produire 30% de son électricité à partir de ces énergies.