Aides à la personne: les séniors dans le collimateur fiscal du gouvernement

Les personnes âgées à nouveau sur la sellette. Après la hausse de la CSG et la sous-indexation des pensions, le gouvernement a voulu réduire leurs avantages fiscaux sur les aides à domicile. La veille de la présentation du budget, les temps semblent durs pour les premiers soutiens d’Emmanuel Macron.
Sputnik

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Ils avaient été 78% à voter en faveur d’Emmanuel Macron au second tour des présidentielles, mais quelques jours avant la présentation du Projet de loi de finance (PLF) 2020, les séniors ont une fois de plus les oreilles qui sifflent. Après la hausse de la CSG pour les retraités ainsi que la sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation, pour les pensions de retraite supérieures à 2.000 euros, le gouvernement a même songé à mettre un terme à l’exonération de charges patronales sur l’emploi à domicile, dont bénéficient jusqu’à présent les séniors de plus de 70 ans. Si Édouard Philippe a reculé face à la polémique, notons que le chef du gouvernement a évoqué «d’autres pistes d’économie dans ce champ» à identifier, ce n’est donc que partie remise.

«Un budget c’est toujours des choix et il n’y a pas de politique antivieux qui soit menée par ce gouvernement […] bien au contraire!» se défendait Sibeth Ndiaye sur le plateau de LCI.

Invitée le 23 septembre d’Élisabeth Martichoux, qui l’interroge sur ce coup de rabot annoncé le matin même par Les Échos, la porte-parole du gouvernement met en avant son franc-parler pour assurer que cette mesure «n’est pas un nouveau coup porté aux retraités». Objectif de la mesure: «recentrer» ces aides «quand elles existent» sur les «personnes qui en ont le plus besoin», à savoir les personnes en situation de handicap ou de perte d’autonomie, insiste Sibeth Ndiaye. Pour le quotidien économique, l’objectif est plutôt de grappiller 310 millions d’euros en 2020, puis 360 millions les années suivantes.

«Donner plus d’argent à des retraités qui paient l’impôt sur la fortune pour payer leur jardinier qu’à une mère célibataire pour payer la nounou, c’est totalement injuste et c’est le système actuel», relatait aux Échos une source proche du dossier.

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Se payer des «travaux de jardinerie», un argument repris –à plusieurs reprises– par la porte-parole du gouvernement devant les caméras. Au-delà de noter que les retraités ne sont pas épargnés par les «raccourcis» et autres «amalgames», on remarquera que ledit impôt sur la fortune, dans sa nouvelle mouture –l’impôt sur la fortune immobilière (IFI)–, ne frappe pas nécessairement les hauts revenus, mais les détenteurs d’un patrimoine immobilier dont la valeur s’est appréciée au fil des ans suivant les règles du marché, indépendamment de la volonté de leur détenteur. Soulignons également que toutes les personnes valides de plus de 70 ans ne sont pas des millionnaires en immobilier, loin de là.

En somme, brandir l’argument réducteur du jardinier, n’est-il pas une manière de faire oublier que ce sont les petits retraités, ainsi que les classes moyennes qui vont une nouvelle fois trinquer? En effet, une personne aisée valide pourra toujours se payer son aide à domicile, en y mettant le prix, y compris pour faire du jardinage. A contrario, une personne âgée, non reconnue comme handicapée, mais diminuée par l’âge et ayant donc besoin d’aide pour le ménage, les courses ou encore se faire à manger pourrait devoir y renoncer, faute d’une retraite suffisante pour encaisser cette hausse fiscale.

Notons qu’avant l’annonce de cette mesure, le gouvernement avait renoncé à réviser le panier de soins couvert par l’AME (Aide médicale d’État, réservée aux personnes en situation irrégulière) et à couper dans le milliard d’euros de ce budget. Quant à la CMU-C (couverture médicale universelle, ouverte notamment aux demandeurs d’asile), le sujet reste dans le flou.

L’exécutif donne donc une fois de plus l’impression de vouloir faire des économies sur le dos des classes moyennes et des moins favorisés. Il est aussi frappant de voir qu’en même temps que le gouvernement tape les plus modestes au portefeuille, un décret présidentiel publié au journal officiel le 22 septembre précise que les anciens Premiers ministres conserveront à vie la jouissance d’une voiture avec chauffeur.

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