La France équipe les troupes égyptiennes soupçonnées d’exactions dans le Sinaï, selon Mediapart

Des blindés français vendus au Caire équipent les unités qui combattent l’insurrection djihadiste dans le Sinaï, où l’armée égyptienne est accusée de graves violations des droits de l’Homme, rapporte Mediapart.
Sputnik

Depuis 2011, les forces armées égyptiennes font face à une guérilla djihadiste liée à Daech* dans la région du Nord-Sinaï. Le Président Abdel Fattah al-Sissi, arrivé au pouvoir en 2013, a opté pour une riposte massive face aux attaques des terroristes, laquelle a eu pour conséquence des dommages collatéraux et des violations des droits de l’Homme dans la zone concernée.

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Un récent rapport de l’ONG Human Rights Watch accuse les troupes opérant au Sinaï de disparitions forcées, tortures, exécutions extrajudiciaires, attaques illégales et bombardements aériens contre des civils. Pourtant, cet avertissement «n’a pas ému le moins du monde la France, qui est l’un des principaux fournisseurs d’armes de l’Égypte», constate Mediapart.

Une opération «à huis clos» impliquant des blindés français

Selon une enquête de FrenchArms, projet initié par le média néerlandais Lighthouse Reports et soutenu par Mediapart, les forces égyptiennes présentes dans le Nord-Sinaï sont équipées de véhicules blindés légers français Sherpa et MIDS, fabriqués par Arquus.

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Mediapart affirme notamment que les Sherpa et les MIDS ont été utilisés lors de la campagne antiterroriste Comprehensive Operation, laquelle a impliqué 35.000 soldats et a été lancée dans le Nord-Sinaï en février 2018.

«Cette opération s’est pratiquement déroulée à huis clos. L’armée égyptienne a coupé le téléphone et l’Internet et a interdit aux ONG et aux journalistes d’accéder à la région», indique la rédaction tout en soulignant que la France «n’a apparemment demandé à l’Égypte aucune restriction dans l’usage des Sherpa».

Une polémique qui dure

Ce n’est pas la première fois que les véhicules militaires français vendus à l’Égypte se retrouvent au cœur d’une polémique, rappelle Mediapart. D’après un rapport d’Amnesty International, les blindés MIDS et Sherpa «étaient en service dans les unités de la police qui avaient violemment réprimé la population après le coup d’État de 2013, notamment lors de la dispersion sanglante de manifestants qui a fait près de 1.000 victimes».

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Selon le registre des Nations unies, l’Égypte a commandé près de 200 Sherpa en 2011 et 2012. Sollicités par Mediapart, l’Élysée, Matignon et le ministère de la Défense se sont refusés à tout commentaire sur l’usage des armes françaises en Égypte.

«Une fois encore, il s’agit sans doute de ne pas gâcher la lune de miel diplomatico-militaire entre la France et la dictature du «maréchal» al-Sissi, fort lucrative pour nos industriels de l’armement», conclut Mediapart.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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