Le juge unique du tribunal correctionnel de Lyon a invoqué lundi «l'état de nécessité» et le «motif légitime» pour relaxer deux «décrocheurs» d'un portrait d'Emmanuel Macron en février dernier, poursuivis pour vol en réunion, rapporte l’AFP, qualifiant cette décision de «surprise».
L'ANV-COP21 a aussitôt salué dans un communiqué cette «décision historique qui acte le non-respect des objectifs climatiques de la France et la légitimité des actions de désobéissance civile face à l'urgence climatique», précise l’agence de presse.
Dans sa décision, le juge a reconnu que le vol de «l'objet d'une valeur fortement symbolique» était bien matérialisé. Mais, selon lui, la réalité du dérèglement climatique «affecte gravement l'avenir de l'humanité», ce qui légitime «d'autres formes de participation» des citoyens, «dans le cadre d'un devoir de vigilance critique», écrit l'agence de presse.
Pour lui, l'intrusion d'une vingtaine de militants dans la mairie d'arrondissement a troublé l'ordre public de manière «très modérée». Le magistrat a estimé que l'action des militants a finalement constitué une interpellation légitime du Président de la République.
«C'est la reconnaissance de plusieurs années de militantisme», a salué la militante à la sortie de la salle d'audience, très émue par cette décision.
L'ancienne ministre du Logement, Cécile Duflot, avait défendu lors de l'audience début septembre «un acte citoyen au sens le plus noble du terme» et un scientifique du CNRS avait exposé «l'indiscutable urgence climatique», précise l'agence.
Deux semaines plus tard, le tribunal correctionnel de Strasbourg avait relaxé trois militants qui avaient brièvement décroché un portrait du chef de l'État dans une mairie du Bas-Rhin.
Douze autres procès de «décrocheurs» sont prévus jusqu'à septembre 2020.