Manger de tout sans grossir? La graisse brune serait la clé

Le diabète et l'excès de poids résultent notamment d'une activité insuffisante du tissu adipeux brun, dit graisse brune, dans l'organisme, ont annoncé des chercheurs américains la semaine dernière.
Sputnik

Cette «bonne graisse» transforme en chaleur tout l'énergie obtenue de l'oxydation d'éléments dans l'organisme. Si une personne pousse sa graisse brune à travailler, elle n'aura pas de problèmes de ligne ou de santé. Comment y parvenir?

La bonne graisse

Près de 5% de la masse d'un nouveau-né est constituée de graisse brune. Cette dernière se trouve au niveau des reins, du cou, des épaules, de la partie supérieure du dos et protège le nourrisson de l'hyporthermie.

On estimait encore récemment qu'en grandissant, la graisse brune disparaissait, mais une récente étude a révélé que l'homme conservait quelques grammes de cette matière toute sa vie. Elle lui permet de s'adapter rapidement au froid et, s'avère-t-il, d'oxyder efficacement le glucose - et donc de ne pas grossir.

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Des scientifiques américains et japonais ont noté que l'organisme des individus souffrant de diabète et d'obésité contenait généralement trois acides aminés en grande quantité: la leucine, l'isoleucine et la valine. Paradoxalement, ce sont ces acides aminés que consomment sous la forme d'additifs nutritionnels certains sportifs pour former l'organisme à dépenser davantage d'énergie.

La clé de tout ce mécanisme réside dans la graisse brune. La leucine, l'isoleucine et la valine arrivent dans l'organisme avec la viande, le poisson, les œufs et le lait. En temps normal, elles doivent se retrouver dans les mitochondries des cellules de graisse brune. A leur tour, ces dernières transforment l'énergie de leur assimilation en chaleur. Plus la couche de graisse brune est active (l'activité est mesurée en fonction de la consommation d'éléments par ce tissu), mieux elle nettoie le sang des acides aminés et plus l'individu est sain. Si la graisse brune est peu active (par exemple, chez les personnes âgées), la leucine, l'isoleucine et la valine commencent à s'accumuler dans l'organisme. Or, en grande quantité, ces éléments provoquent le diabète et l'obésité.

La vitesse à laquelle la graisse brune nettoie le sang des acides aminés et les utilise pour produire de la chaleur dépend de la protéine SLC25A44. Par conséquent, il est possible d'influencer par son biais l'activité de la couche adipeuse et de protéger ainsi du diabète et de l'obésité les personnes prédisposées à de telles maladies, supposent les auteurs de l'étude.

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Selon une recherche menée par des scientifiques de l'université de Cambridge (Royaume-Uni), la protéine BMP8b est également capable de forcer la graisse brune à travailler. Les souris subissant un débranchement du gène responsable de sa sécrétion présentaient une couche adipeuse brune inactive même à des températures très basses. Pourtant, dans la nature, l'unique moyen de l'activer est de placer l'animal dans le froid. C'est la chaleur produite par la graisse brune qui permet aux mammifères de survivre pendant l'hibernation en hiver.

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Quand les biologistes ont réussi à augmenter artificiellement dans l'organisme des rongeurs la teneur en BMP8b, leur graisse brune commençait à fonctionner plus activement même dans des conditions normales. De plus, une partie du tissu adipeux blanc se transformait en tissu brun. Après quoi la quantité d'énergie brûlée augmentait et les animaux maigrissaient.

Des généticiens américains ont adopté une autre approche du problème en bloquant chez des souris de laboratoire le gène responsable du ferment PexRAP. Cette substance est présente en grande quantité dans le tissu adipeux blanc et est pratiquement absente du brun. En pénétrant dans le noyau de la cellule, PexRAP réprime le fonctionnement des gènes liés au réchauffement du corps à de basses températures. C'est pourquoi la graisse blanche ne brûle pas, mais conserve l'énergie. En y diminuant artificiellement la teneur du ferment (comme l'ont fait les chercheurs américains), elle commence à se comporter comme le tissu adipeux brun.

Ainsi, chez les rongeurs dont l'organisme était incapable de sécréter PexRAP, toutes les réserves de graisse brûlaient les calories au lieu de les accumuler. Au final, les souris pesaient bien moins que leurs «consœurs» du groupe témoin, et avaient environ deux fois moins de graisse. Seul «mais»: le blocage total des gènes sécrétant le serment a affecté le fonctionnement de tout l'organisme. S"il faisait chaud dans le local, les animaux surchauffaient rapidement et souffraient de fièvre.

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L'approche des biologistes de l'université de Harvard (États-Unis) est moins dangereuse. Ils ont suggéré de transplanter la graisse brune d'un donneur à des personnes souffrant d'obésité. Cette méthode n'a pas encore été testée sur les humains, mais les souris qui ont subi une greffe de tissu adipeux brun à l'intérieur de l'abdomen ont maigri même malgré un régime alimentaire riche en calories. De plus, leur métabolisme s'est normalisé.

Sans ingérence dans le génome

Des physiologistes japonais pensent que des promenades régulières par temps froid ou des baignades fréquentes dans l'eau glacée suffisent pour activer la graisse brune. Ainsi, en passant pendant six semaines chaque jour à l'air revigorant, les réserves de graisse brune augmenteront nettement dans l'organisme, alors que la quantité de tissu adipeux blanc diminuera. Et avec lui les kilos en excès.

Autre moyen efficace pour activer la bonne graisse: les exercices sportifs réguliers. Pendant les efforts physiques, l'organisme sécrète l'hormone irisine, qui participe à la lipolyse. Des chercheurs américains et japonais ont montré qu'elle affectait l'activité de la protéine transformant la graisse blanche en brune. Ainsi, dans les échantillons de tissu adipeux avec un ajout d'irisine, la teneur en cellules de graisse blanche est presque deux fois inférieure par rapport aux échantillons dénués de cette hormone. De plus, dans le sang de jeunes athlètes sa concentration est beaucoup plus élevée que chez les femmes d'un certain âge souffrant d'obésité.

Par ailleurs, l'activité de la graisse brune dans l'organisme peut être influencée par le café. Des chercheurs de l'université de Nottingham (Royaume-Uni) ont fait boire à neuf volontaires différentes boissons pendant plusieurs heures. Certains sujets buvaient du café, d'autres de l'eau. En parallèle, à l'aide d'une caméra thermique, les scientifiques enregistraient l'activité de la graisse brune sur le cou des cobayes.

Une demi-heure seulement après la première tasse de café naturel, la graisse brune a commencé à émettre plus activement de la chaleur. En d'autres termes, une plus grande quantité de calories étaient brûlée. Alors que l'eau n'exerçait pas un tel effet. Les auteurs de l'étude supposent que c'est la caféine qui a lancé le travail de la graisse brune. De plus, ils n'excluent pas que d'autres produits contenant de la caféine puissent avoir un effet similaire, par exemple le thé.

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