La rentrée risque d’être difficile pour beaucoup d’étudiants en France: augmentation des loyers, du prix de l’alimentation, des frais universitaires… L’accès à un diplôme demande des dépenses plus importantes d’années en années. Selon la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), premier syndicat étudiant de France, qui a récemment publié son étude annuelle sur le coût de la rentrée, celui-ci a augmenté de près de 2% en 2019-2020 portant le coût moyen à 2.285,26 euros. Une augmentation qui fragilise encore plus les étudiants originaires de milieux modestes.
«C’est sans appel: le coût de la rentrée est bien trop élevé pour permettre une réelle démocratisation de l’enseignement supérieur. Les familles de classes modestes et moyennes en pâtissent quotidiennement et l’ascenseur social est en panne en France», souligne le rapport.
Si les frais spécifiquement liés à la rentrée (matériel, complémentaire santé…) augmentent de manière plus modéré, les frais liés au coût de la vie augmentent eux de manière bien plus significative. En effet, les «frais de vie courante» (loyer, alimentation…) ont augmenté de 2,73% et sont problématiques pour les étudiants à Paris comme en province. Si ces frais font l’objet d’une augmentation «modérée» en Île-de-France, ailleurs, ils ont augmenté de 3,4%. Une situation qui permet difficilement aux étudiants de se concentrer uniquement sur leurs études.
«Liés le plus souvent à l’inflation, les frais de vie courante n’ont cessé de gonfler et la population étudiante n’a cessé de se précariser davantage. Aujourd’hui, plus d’un quart des étudiants sont forcés de se salarier pour pouvoir vivre décemment, entraînant des échecs et des décrochages importants chez ce public, dû à la concurrence avec leurs études notamment sur les horaires», indique le rapport.
Ce constat est aussi partagé par l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), autre important syndicat étudiant, qui établit la hausse du coût de la vie des étudiants à 2,83%. Un pourcentage en hausse par rapport à l’année scolaire 2018-2019 qui avait vu une augmentation de 1,83%. Comment les étudiants sont impactés et font face à ces dépenses plus importantes? Sputnik a rencontré certains de ces étudiants qui sont directement concernés par cette hausse. Parmi eux, Léna Long, étudiante aux Beaux-Arts de Cergy, fait part de ses difficultés face à ces augmentations:
«C’est vraiment difficile pour moi de joindre les deux bouts avec ces hausses de coûts, surtout à Paris où le coût de la vie est très élevé. Sans l’aide de mes parents ça serait impossible pour moi d’être là. Pourtant, il ne m’aide que de 100 euros par mois, à quoi on ajoute 260 euros de bourse. Je travaille les week-ends pour la personne qui me loge en échange de quoi je paye un modeste loyer. Sans cet arrangement, je ne pense pas que je pourrais habiter à Paris. Mais même avec tout cela j’arrive à peine à m’en sortir, je ne me permets aucun écart (vêtements ou sorties).»
Cette situation de précarité ne permet pas à ces étudiants de se concentrer pleinement sur leurs études et encourage un décrochage scolaire chez certains du fait de cette nécessité de subvenir à leurs besoins. Pour Marie Chazeau en IUT à Montreuil, contactée par Sputnik France, l’augmentation du coût de la rentrée et de la vie est difficilement supportable:
«J’ai vraiment du mal à boucler mes fins de mois, c’est un stress permanent et avec ces augmentations ça ne va pas s’arranger. Je reviens de cinq ans d’études à Montréal, j’ai 23 ans et je dois redemander de l’argent à mes parents pour m’aider à payer mon loyer. J’ai décidé d’intégrer un IUT à Montreuil en alternance afin de bénéficier d’une rémunération et d’aucuns frais d’études. Ayant fait mes études à l’étranger, je ne suis éligible à aucunes bourses et je dois subvenir à mes besoins comme je peux. Je gagne quelques sous à travers mon alternance et je travaille aussi comme barista les week-ends, et même comme ça je ne peux quasiment rien me permettre comme loisir…»
Le rapport de la FAGE souligne aussi la situation plus précaire des étudiants étrangers qui ont vu leurs frais d’inscriptions multipliés par 16 à la rentrée 2019. Une différenciation que certains considèrent aussi comme une forme de discrimination, car celle-ci risque d’ajouter un poids financier en plus sur les épaules des étudiants extra-européens.