Donald Trump peut se frotter les mains. Le candidat à sa propre succession a vu ce 31 juillet son principal opposant pour 2020, Joe Biden, se faire attaquer de tous les côtés par ses pairs Démocrates. Étant donné son statut de leader dans les sondages pour remporter la primaire Démocrate, les observateurs s’attendaient à ce que l’ancien vice-président de Barack Obama soit la cible d’attaques, mais certainement pas à ce niveau-là.
Biden, vétéran de la politique, a vu ses propositions et ses actions passées au crible. C’est pourtant lui qui a ouvert le bal des attaques en s’en prenant à la sénatrice Kamala Harris. Avant même que le débat ne commence, il lui a glissé –au moment de se serrer la main– «sois cool avec moi, petite». Ensuite, une fois le débat lancé, il a attaqué les ambiguïtés de son programme sur les questions de santé:
«Soyons francs, vous ne pourrez pas battre Donald Trump avec un double discours sur ce plan», a critiqué Joe Biden.
La sénatrice, qui n’a pas apprécié, a contre-attaqué en soulignant que le plan du candidat Biden ne couvrait pas l’intégralité des citoyens américains, contrairement au sien. Avant d’embrayer sur un point sensible de la carrière politique de Joe Biden: ses accointances dans les années 70 avec des sénateurs ségrégationnistes.
«Si ces ségrégationnistes s’étaient imposés, je ne serais pas sénatrice aujourd’hui, Cory Brooker ne serait pas sénateur aujourd’hui et Barack Obama n’aurait pas été en mesure de vous nommer vice-président», lui a rétorqué la sénatrice.
Cory Brooker, sénateur noir, en a rajouté une couche sur le bilan des relations raciales de l’ancien vice-président. En effet, le sénateur pour le New Jersey a accusé Biden d’avoir «mis son nom» sur toutes les lois pénales discriminatoires depuis les années 70, causant l’incarcération de millions de noirs américains, comme le relate l’AFP.
«Il y a aujourd’hui des gens en prison à perpétuité» à cause de ces lois, a indiqué Cory Brooker. «On ne parle pas du passé, on parle du présent!»
Considérée comme la plus grande erreur de politique étrangère du siècle, l’intervention en Irak en 2003 continue d’être une casserole pour ceux qui l’ont soutenue. Parmi eux, Joe Biden, obligé de reconnaître qu’il regrettait cette «erreur de jugement».
Ce festival de piques politiques aurait d’ailleurs pu être pire avec la participation des sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren, mais les conditions du débat ne permettaient pas leur présence. En raison du grand nombre de prétendants à l’investiture Démocrate, le débat a été divisé en deux soirées, dix candidats mardi 30 juillet et dix autres le lendemain. Le second débat a bien plus retenu l’attention du fait de la présence du favori, Joe Biden.
Bien qu’un consensus existe chez les Démocrates sur la nécessité de s’unir contre la figure de Donald Trump, le débat du 31 juillet a plus laisser transparaître la désunion qu’autre chose. C’est d’ailleurs ce qu’a regretté le sénateur Cory Brooker:
«La personne qui doit le plus apprécier le débat en ce moment, ça doit être Donald Trump.»