Le Maroc attribue définitivement sa place à la langue française dans l’enseignement des sciences

Le projet de loi instaurant l’enseignement en français des matières scientifiques et techniques au Maroc a été adopté le 22 juillet par le parlement. Ce projet avait auparavant suscité la division au sein de la classe politique.
Sputnik

Le projet de loi-cadre sur la réforme de l'école au Maroc, instaurant l’enseignement des matières scientifiques et techniques en langues étrangères notamment le français, a été adopté, lundi 22 juillet, à la majorité des membres de la Chambre des représentants. Le projet a raflé 241 voix favorables contre 4 votes défavorables.

​«L'adoption de ce projet de loi-cadre ouvre la voie à l'école et à l'enseignement du futur», a déclaré Saaïd Amzazi, le ministre de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lors de la séance plénière. «Une avancée que le roi Mohammed VI a tracée pour le bien du pays», a-t-il ajouté, soulignant qu’«il ne s'agit pas d'un projet sectoriel ou gouvernemental, mais c'est un projet de société national». L'adoption de cette loi est un «moment historique», a-t-il encore lancé.

​Qu’apporte la loi de nouveau?

Dans son allocution, le ministre marocain a mis l’accent sur le fait que cette loi-cadre est la première en son genre dans l'Histoire de la législation marocaine, dans le domaine de l'éducation et la recherche scientifique.

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Elle vise, selon lui, à rénover le système de l'éducation, de l'enseignement, de la formation et de la recherche scientifique afin de garantir l’équité, l’égalité des chances, la qualité et la promotion de l’individu et du progrès de la société et sa durabilité. Elle projette à mettre en œuvre un cadre contractuel national pour l’État et pour les autres acteurs et partenaires impliqués dans ce domaine, garantissant une éducation de qualité pour tous.

La loi vise également le renouvèlement des programmes d’enseignement, de formation et de gestion et la réorganisation et la restructuration du système éducatif, de la formation et de la recherche scientifique, a-t-il ajouté. Dans ce cadre, elle contient un article relatif à l'enseignement des matières scientifiques et techniques en langues étrangères, principalement le français.

Les objections

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Vivement contesté par le puissant ex-chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, le texte opposait le Parti de la justice et du développement (PJD), qui dirige la coalition gouvernementale, et le Parti de l'Istiqlal (PI), qui défend traditionnellement l'arabe, aux autres partis, favorables à une ouverture linguistique. Adopté en conseil des ministres en mai 2018, le jeudi 4 avril, les élus du PJD ont fait reporter sine die le vote sur le projet de loi en question.

Le français au Maroc

L'arabe et le tamazight (le berbère) sont les deux langues officielles au Maroc, le français étant largement utilisé dans le monde du travail. Selon l'Organisation internationale de la francophonie, le Maroc comptait en 2018 plus de 12,7 millions de locuteurs francophones sur ses 35 millions d'habitants.

À l'heure actuelle, les matières scientifiques et techniques au Maroc sont dispensées en arabe jusqu'à la fin du lycée, puis en français dans le cycle universitaire. Le Maroc compte près d'une quarantaine d'établissements d’enseignement français homologués, soit l'un des réseaux les plus importants dans le monde.

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