Que penser de la thèse française officielle sur la découverte de missiles Javelin en Libye?

L’explication donnée par Florence Parly, ministre française des Armées, à la découverte de missiles antichar Javelin appartenant à la France au sein de l’armée du général Haftar en Libye «est tout à fait plausible», a estimé Akram Kharief, un expert militaire algérien, dans une interview accordée à Sputnik.
Sputnik

Dans son édition du 9 juillet, le New York Times révèle que plusieurs missiles antichar Javelin, achetés par la France aux États-Unis, avaient été saisis en juin dans un camp de combattants pro-Haftar dans la ville de Gharian, située à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli. Le gouvernement d’Union nationale libyen (GNA) a exigé des explications «urgentes» de la France après que le ministère des Armées a confirmé l’appartenance à l’Hexagone des armes découvertes en Libye aux mains des forces du général Haftar.

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«Ces missiles étaient stockés dans un endroit qui était destiné à permettre leur destruction», a déclaré vendredi 12 juillet sur Franceinfo Florence Parly, ministre des Armées, précisant que «pour des raisons qui tiennent aux événements qui se déroulent en Libye, ces missiles n'ont pas pu être détruits à temps». «Ils n'ont jamais été transférés à quiconque», a-t-elle affirmée.

Dans un entretien accordé à Sputnik, Akram Kharief, expert algérien en questions militaires et éditeur du site d’information Menadefense, a soutenu que l’explication officielle avancée par Mme Parly était «tout à fait plausible» et ce, pour plusieurs raisons.

​Les arguments

«Ce qui a été découvert consiste en quatre tubes de roquettes et non en des missiles entiers», nuance l’expert, précisant qu’«il manque l'élément le plus important dans cet armement et qui est le système optique de tir». M.Kharief précise que «l’absence de la conduite de tir [le bloc qui sert à viser et tirer le missile, ndlr] rend obsolète les tubes de missiles retrouvés».

Sur la même lancée, l’expert ajoute que «la France ne dispose pas de suffisamment de missiles Javelin dans son arsenal militaire pour se permettre un don à l’armée du général Haftar». «Les forces spéciales françaises qui utilisent cette arme sophistiquée et sensible n’ont à leur disposition que 78 postes de tir et 380 missiles», a-t-il expliqué, indiquant que ces armes «nécessitent une formation avancée des tireurs».

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Rappelant que la France fabrique elle-même toute une gamme de missiles antichars portatifs, beaucoup moins chers que les missiles américains et disponibles en grandes quantités dans les stocks de son armée, M.Kharief a supposé que si Paris avait l’intention d’aider à l’armement des troupes d’Haftar, elle aurait plutôt puisé discrètement dans les réserves de ses forces «avec la possibilité de supprimer les numéros de lots des missiles et de les maquiller».

Selon l’expert, le coût d’un Javelin est de 75.000 euros pour le missile lui-même et de 120.000 euros pour son système de tir. Alors que, concernant les armes françaises de même type, une roquette coûte 2.000 euros et le missile Milan moins de 5.000 euros. Ceci en plus du fait que «le Javelin est totalement disproportionné par rapport aux besoins de l'armée d’Haftar qui n'a pas de divisions blindées face à elle», a-t-il conclu.

​L'Onu a renouvelé en juin, pour un an, l’opération européenne chargée du contrôle de l'embargo sur les armes pour la Libye, où des livraisons d'armements sont signalées depuis deux mois.

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