Dans son édition du 9 juillet, le New York Times révèle que plusieurs missiles antichar Javelin, achetés par la France aux États-Unis, avaient été saisis en juin dans un camp de combattants pro-Haftar dans la ville de Gharian, située à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli. Le gouvernement d’Union nationale libyen (GNA) a exigé des explications «urgentes» de la France après que le ministère des Armées a confirmé l’appartenance à l’Hexagone des armes découvertes en Libye aux mains des forces du général Haftar.
Dans un entretien accordé à Sputnik, Akram Kharief, expert algérien en questions militaires et éditeur du site d’information Menadefense, a soutenu que l’explication officielle avancée par Mme Parly était «tout à fait plausible» et ce, pour plusieurs raisons.
Javelin en Libye ..BS épisode 484
— Harry Boone (@towersight) July 13, 2019
"tout laisse penser que Paris a armé les troupes rebelles" Non ! And non ! 😱😱🙈🙊
J'espère que vous êtes meilleurs en filière de homards qu'en filière de Javelin les gars ! https://t.co/WZv44SYJf9
Les arguments
«Ce qui a été découvert consiste en quatre tubes de roquettes et non en des missiles entiers», nuance l’expert, précisant qu’«il manque l'élément le plus important dans cet armement et qui est le système optique de tir». M.Kharief précise que «l’absence de la conduite de tir [le bloc qui sert à viser et tirer le missile, ndlr] rend obsolète les tubes de missiles retrouvés».
Sur la même lancée, l’expert ajoute que «la France ne dispose pas de suffisamment de missiles Javelin dans son arsenal militaire pour se permettre un don à l’armée du général Haftar». «Les forces spéciales françaises qui utilisent cette arme sophistiquée et sensible n’ont à leur disposition que 78 postes de tir et 380 missiles», a-t-il expliqué, indiquant que ces armes «nécessitent une formation avancée des tireurs».
Selon l’expert, le coût d’un Javelin est de 75.000 euros pour le missile lui-même et de 120.000 euros pour son système de tir. Alors que, concernant les armes françaises de même type, une roquette coûte 2.000 euros et le missile Milan moins de 5.000 euros. Ceci en plus du fait que «le Javelin est totalement disproportionné par rapport aux besoins de l'armée d’Haftar qui n'a pas de divisions blindées face à elle», a-t-il conclu.
Si un jour des images circulent montrant des missiles Javelin de l’armée française fonctionnant en Libye alors qu’ils sont censés « endommagés et hors d'usage », il faudra en conclure que les libyens sont d’excellents bricoleurs. https://t.co/3kCXyRyjl3
— Abou Zilleur (@AbouZilleur_) July 10, 2019
L'Onu a renouvelé en juin, pour un an, l’opération européenne chargée du contrôle de l'embargo sur les armes pour la Libye, où des livraisons d'armements sont signalées depuis deux mois.