Le site Mediapart a publié dimanche les extraits d’un rapport de police sur la dispersion d'une manifestation de militants écologistes qui a eu lieu le 28 juin dans le IVe arrondissement de Paris, sur le pont de Sully.
Selon ce compte rendu rédigé par les policiers présents lors des faits, les CRS sont intervenus très rapidement et ont eu recours au gaz lacrymogène seulement huit minutes après les premières sommations. Ainsi entre 13h14 et 13h39, 10 conteneurs, soient cinq litres de gaz, ont été utilisés, précise Mediapart.
Le rapport indique que l’usage de ces gaz a été tel qu’il a provoqué «un malaise avec perte de connaissance par suffocation de gaz lacrymogène du commandant» chargé des opérations et qui a été remplacé temporairement par un lieutenant.
Interrogé par le site, un policier chargé d’opérations de maintien de l’ordre depuis plus de sept ans a déploré le fait que les gazeuses aient été utilisées à quelques centimètres du visage des manifestants.
«La hiérarchie CRS n’a pas fait preuve de discernement. Ce qui ne doit évidemment pas se faire. À une distance de cinq mètres, votre cible est déjà largement incommodée. C’est massif, pas déontologique et disproportionné», a-t-il déclaré.
En même temps, il a appelé à ne pas oublier que les CRS répondent aux ordres de leurs supérieurs.
«Si le préfet ou son adjoint mettent la pression pour qu’on évacue, ça peut donner ce genre de résultat chaotique avec un commandant qui en perd lui-même connaissance. On frôle le ridicule. C’est l’arroseur arrosé», a-t-il ajouté.
Réaction de Christopher Castaner
Rappelons qu’à la suite de la violente évacuation de militants écologistes, Christopher Castaner a demandé des explications au préfet de police de Paris sur «la modalités de gestion de cette opération de maintien de l'ordre rendue nécessaire pour rétablir la circulation au cœur de Paris».
L'intervention était «parfaitement régulière, parfaitement légitime», mais «les modalités m'ont interrogé», a également déclaré le ministre le 2 juillet, justifiant l’opération des CRS par le fait que la manifestation était non déclarée et avait provoqué «des gênes importantes pour des dizaines de milliers de personnes».