Francis le Belge, «c’était mon frère et c’était un parrain, le plus grand»

French Connection, braquages, prison, assassinats, « milieu »: dix-neuf ans après la mort de Francis le Belge, Simone Vanverberghe, la sœur du parrain marseillais, publie son autobiographie. Pas de révélations fracassantes dans cet ouvrage, mais le portrait d’une famille, d’un univers en marge. Sputnik a rencontré cette femme entière. Entretien.
Sputnik

«Toutes les familles heureuses le sont de la même manière, les familles malheureuses le sont chacune à leur façon.» Le ton catégorique de Léon Tolstoï dans Ana Karenine illustre parfaitement la vie familiale chez les Vanverberghe. Francis Vanverberghe dit «le Belge», parrain marseillais, a été assassiné en 2000 à Paris, suivant son frère José dans la tombe, lui-même, tué par balle en 1989. Leur sœur, Simone, a passé sa vie entre les parloirs, visitant en prison son frère et son mari, Tony l’Anguille. Elle a décidé aujourd’hui de publier son autobiographie, Francis le Belge, mon frère ce voyou (Éd. Plon). Après avoir longtemps été fleuriste, Simone Vanverberghe est maintenant à la retraite. Elle vit dans une maison pour personnes démunies dans la région niçoise.

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Ne vous attendez pas à d’énormes révélations dans cet ouvrage, il s’agit du récit intime de la vie de Francis le Belge, de sa sœur Simone, de leurs frères, leurs sœurs et leurs parents. Une famille qui a connu ensemble la pauvreté, le crime, l’argent, le jeu et les deuils. Ce témoignage unique révèle surtout son admiration sans bornes pour son grand frère:

«D’abord c’était mon frère. C’était un parrain, c’était le plus grand, et quand je dis que c’était le dernier des parrains, jusqu’à aujourd’hui personne ne l’a remplacé. C’était un homme d’affaires, tout ce qu’il touchait, il le transformait en or. Il était d’une intelligence remarquable dans tous les domaines. Il aurait très bien pu être un chef d’entreprise, un homme politique. S’il avait été un flic, il aurait été un super flic.»

Pas remplacé, Francis le Belge? Marseille a en effet délaissé le banditisme traditionnel façon Zampa et Le Belge pour prendre une tournure bien plus violente ces dernières décennies avec l’essor du narcotrafic. Le 5 juillet dernier, un jeune de 18 ans mourrait par balle dans le XIIIe arrondissement de la ville. Ce qui serait selon France Info, le sixième règlement de comptes depuis le début de l’année. Pas sûr que la «belle Simone» se reconnaîtrait dans les criminels d’aujourd’hui, elle qui différencie deux types de personnes dans la vie. Certains respectent les règles, leur propre code, leur honneur alors que les autres sont sans foi ni loi:

«Il y a des voyous et des enc****. Il y a des voyous qui négocient avec des condés, alors qu’ils sont mouillés dans les affaires, ils négocient leur liberté en balançant leurs propres amis, vous appelez ça comment vous? Un enc****! Et il y en a beaucoup, il y en a énormément, beaucoup plus que ce que l’on croit. Des gens que l’on embrasse aujourd’hui et le lendemain qui vous balancent. Ou qui carrément donnent les affaires avant même qu’elles ne se produisent.»

Les voyous, elle connaît, elle les a fréquentés toute sa vie. Elle dit ainsi avoir vécu 52 ans de parloirs, entre les vingt-deux ans de prison de Francis ou la trentaine d’années de son braqueur de mari, Antoine Cossu, alias Tony l’Anguille:

«J’y allais à raison d’une fois par semaine pour mon frère, quand j’étais avec Tony, deux fois par semaine pour voir mon mari. Ça me faisait trois à quatre jours dans la semaine occupée avec mes parloirs, mes enfants jouaient dans les jardins aux alentours. J’ai 52 ans de parloirs. J’ai commencé à 12 ans.»

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Elle narre aussi les «exploits» de son mari, qui revendique à ce jour sept évasions, et qui désormais s’est mis à l’écriture de romans. Une sorte de Robin des bois à ses yeux:

«Tony, c’était un braqueur. Il ne s’en est jamais caché. En plus, c’était un bon braqueur, parce que quand il braquait une banque, tous les gens qui étaient là, ils prenaient des sous aussi. Ils ne partaient pas avec les sacs remplis, ils en mettaient quand même dans les sacs des otages, il n’y a pas beaucoup de voyous qui font ça.»

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