Depuis le vendredi 21 juin, la polémique enfle en Algérie à la suite de l’arrestation et de la mise sous mandat de dépôt de plus d’une trentaine de personnes ayant manifesté avec le drapeau berbère. L’instruction d’interpeller toute personne manifestant avec un drapeau autre que le national a été donnée aux forces de l’ordre par le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l‘armée algérienne. Certaines voix de l’opposition voient dans ces arrestations une atteinte aux libertés individuelles et une tentative du pouvoir de diviser le mouvement populaire du 22 février. Mais d’autres responsables politiques considèrent, au contraire, que la décision du chef de l’armée vise à sauvegarder l’unité nationale et à protéger la révolution populaire de toute récupération politique.
«Ces arrestations sont une tentative, vouée à l’échec, de casser le mouvement qui exige un changement démocratique réel et de chercher à créer des divisions à l’intérieur du mouvement populaire et pacifique», a-t-il soutenu.
Pour sa part, Zoubida Assoul, ex-magistrate et présidente du parti de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), a estimé que «la culture et les langues amazighes [langues berbères, ndlr] sont constitutionalisées [depuis 2016, ndlr], c’est inacceptable que des gens soient jetés en prison pour avoir brandi un drapeau». «D’ailleurs l’article 1 du Code pénal stipule qu’il n’y a pas d’infraction, ni de peine ou de mesures de sûreté sans loi», a-t-elle précisé, selon la chaîne d’information française. Elle a exigé la libération immédiate des manifestants, précisant que le collectif d’avocats entend rapidement faire appel du mandat de dépôt contre ces personnes devant la chambre d’accusation.
Comment interpréter la décision du haut commandement de l’armée?
Réagissant aux propos d’une partie de la presse et de la classe politique qui a considéré les déclarations du général Gaïd Salah comme une grave dérive, le député a souligné «que ce sont les mêmes […] qui mènent campagne contre la solution constitutionnelle défendue par le haut commandement de l’ANP, à savoir l’organisation dans les plus brefs délais de l’élection présidentielle». Ils ont «également fustigé l’opération mains propres menée avec l’assistance de l’armée, la qualifiant de sélective», a-t-il poursuivi.
Le 19 juin à Béchar, Ahmed Gaïd Salah avait attiré l’attention des Algériens «sur une question sensible, à savoir la tentative d’une infime minorité d’infiltrer les marches et d’y porter d’autres emblèmes que notre emblème national». «L’Algérie ne possède qu’un seul drapeau […] un emblème unique qui représente le symbole de la souveraineté de l’Algérie, de son indépendance, de son intégrité territoriale et de son unité populaire», avait-il rappelé, annonçant que «des instructions strictes» avaient été données aux forces de l’ordre pour «une application rigoureuse des lois en vigueur».