Après l’arrestation de manifestants, la révolution populaire est-elle en danger en Algérie?

© Sputnik . Diana SaifullinaLe Nouvel an berbère à Moscou, le 13 janvier 2018
Le Nouvel an berbère à Moscou, le 13 janvier 2018 - Sputnik Afrique
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La scène politico-médiatique en Algérie est en effervescence depuis l’arrestation de plus de trente personnes ayant manifesté avec le drapeau berbère. Certains considèrent ces interpellations comme une atteinte aux libertés et une tentative de diviser la révolution populaire. A contrario, d’autres estiment que cette action est salutaire.

Depuis le vendredi 21 juin, la polémique enfle en Algérie à la suite de l’arrestation et de la mise sous mandat de dépôt de plus d’une trentaine de personnes ayant manifesté avec le drapeau berbère. L’instruction d’interpeller toute personne manifestant avec un drapeau autre que le national a été donnée aux forces de l’ordre par le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l‘armée algérienne. Certaines voix de l’opposition voient dans ces arrestations une atteinte aux libertés individuelles et une tentative du pouvoir de diviser le mouvement populaire du 22 février. Mais d’autres responsables politiques considèrent, au contraire, que la décision du chef de l’armée vise à sauvegarder l’unité nationale et à protéger la révolution populaire de toute récupération politique.

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Polémique en Algérie autour de l’incarcération d’un célèbre ancien combattant de la guerre d’indépendance
Ces interpellations sont «des atteintes et des violations flagrantes des libertés individuelles et collectives garanties par la Constitution et les conventions internationales signées par l’Algérie», a déclaré à France 24 Abdelouhab Fersaoui, président du Rassemblement action jeunesse (RAJ), une ONG citoyenne et de défense des droits de l’Homme.

«Ces arrestations sont une tentative, vouée à l’échec, de casser le mouvement qui exige un changement démocratique réel et de chercher à créer des divisions à l’intérieur du mouvement populaire et pacifique», a-t-il soutenu.

Pour sa part, Zoubida Assoul, ex-magistrate et présidente du parti de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), a estimé que «la culture et les langues amazighes [langues berbères, ndlr] sont constitutionalisées [depuis 2016, ndlr], c’est inacceptable que des gens soient jetés en prison pour avoir brandi un drapeau». «D’ailleurs l’article 1 du Code pénal stipule qu’il n’y a pas d’infraction, ni de peine ou de mesures de sûreté sans loi», a-t-elle précisé, selon la chaîne d’information française. Elle a exigé la libération immédiate des manifestants, précisant que le collectif d’avocats entend rapidement faire appel du mandat de dépôt contre ces personnes devant la chambre d’accusation.

Comment interpréter la décision du haut commandement de l’armée?

Manifestations en Algérie - Sputnik Afrique
Un dirigeant du FLN explique à Sputnik l’interdiction par l’armée des drapeaux autres qu’algériens en manifestation
Contrairement à ces positions dénonçant la décision du général Gaïd Salah, le député Abou el-Fadel Baâdji, membre du bureau politique du Front de libération nationale (FLN), le parti au pouvoir en Algérie, a affirmé à Sputnik que le chef d’état-major de l’armée n’avait pas visé particulièrement le drapeau berbère, «mais tous les drapeaux en dehors de l’emblème national». «Le général Gaïd Salah est lui-même berbère du fait qu’il est originaire de la région de Chaouia, dans l’est de l’Algérie», a-t-il précisé. Concernant le drapeau berbère, M.Baâdji a souligné que «c’est surtout celui du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), un mouvement séparatiste, qui était visé par les propos du chef de l’armée».

​Réagissant aux propos d’une partie de la presse et de la classe politique qui a considéré les déclarations du général Gaïd Salah comme une grave dérive, le député a souligné «que ce sont les mêmes […] qui mènent campagne contre la solution constitutionnelle défendue par le haut commandement de l’ANP, à savoir l’organisation dans les plus brefs délais de l’élection présidentielle». Ils ont «également fustigé l’opération mains propres menée avec l’assistance de l’armée, la qualifiant de sélective», a-t-il poursuivi.

Le 19 juin à Béchar, Ahmed Gaïd Salah avait attiré l’attention des Algériens «sur une question sensible, à savoir la tentative d’une infime minorité d’infiltrer les marches et d’y porter d’autres emblèmes que notre emblème national». «L’Algérie ne possède qu’un seul drapeau […] un emblème unique qui représente le symbole de la souveraineté de l’Algérie, de son indépendance, de son intégrité territoriale et de son unité populaire», avait-il rappelé, annonçant que «des instructions strictes» avaient été données aux forces de l’ordre pour «une application rigoureuse des lois en vigueur».

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