«Il y a un engouement qui se développe chez les femmes pour le foot, mais il faut encore aller plus loin. Il faut aller chercher les femmes, qui ne représentent que 20% des personnes présentes dans les stades. On veut attirer ce nouveau public qui est crucial pour nous», explique Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue française de football professionnel.
«On a besoin des clubs professionnels, non seulement pour la Coupe du monde féminine, mais aussi pour le développement du foot féminin.»
Fort de cette volonté, quelques mesures ont déjà été prises pour cette première phase, à savoir la diffusion des spots publicitaires relatifs à la promotion du Mondial féminin 2019 sur les écrans géants de différents stades devant abriter la compétition. En outre, des manifestations seront organisées dans chaque pays qualifié à la compétition.
«L’idée de faire participer les filles est un moyen de donner l’opportunité à tous les jeunes. Et nous avons choisi 40.000 enfants venus des quatre coins du Cameroun, parmi lesquels il fallait présélectionner 15», témoigne au micro de Sputnik Louis Frederick Moudourou, de l’école de football Kadji Sport Academy de Douala, au Cameroun.
La forte mobilisation autour des équipes de football féminin pour dénoncer une médiatisation insuffisante laisse penser que le monde du football a désormais pris conscience de l’importance de se féminiser à travers les joueuses, entraîneuses, arbitres, dirigeantes ou encore fans. En mars 2019, lors du symposium de la confédération africaine de football à Marrakech, le président de la Coupe d’Afrique des Nations (CAF), Ahmad Ahmad indiquait que:
«Le football féminin doit rattraper son retard, mieux s’organiser, disposer de moyens accrus et devrait populariser sa pratique. Je vous invite à approfondir la réflexion sur tous les thèmes retenus, à discuter pied à pied, à casser les tabous s’ils se présentaient et enfin à décider d’une ligne de progrès qu’il faudra suivre.»
Malgré les efforts déployés sur le terrain, le football féminin (??) reste encore un sujet tabou. Il apparaît indispensable de mettre en œuvre des actions politiques qui peuvent susciter l’engouement, car, comme le souligne l’entraîneur de football camerounais, David Matomba, «l’enjeu de la féminisation du football dépasse le seul cadre sportif».
Pour Gustavo Ndong Edu, président de la Fédération équato-guinéenne de football (FEGUIFUT) approché par Sputnik, le football féminin reste à la traîne à cause du manque de moyens infrastructurels:
«Cela fait sept ans que notre équipe féminine n’a pas participé à la CAN. Elle a été disqualifiée par la FIFA pour les éliminatoires de la coupe du monde 2019. Et les raisons de cette disqualification sont celles dont souffre le football équato-guinéen depuis bientôt une décennie.
Nous avons besoin de centres de formation dans tous les pays d’Afrique. Il faut agir à la base avant de s’occuper de la vitrine. Le football féminin africain a besoin de massification. Il faut se pencher sur les besoins des joueuses en éducateurs. Ce doit être la priorité. Faute de quoi, on en restera à du bricolage, avec seules quelques joueuses qui arrivent au sommet.»
Les années de gloire du football équato-guinéen restent dans les archives en dépit de tous les efforts fournis: des infrastructures sportives de haut standing, un réseau routier exceptionnel, des aéroports internationaux dignes, des hôtels luxueux répartis dans six villes différentes (Malabo, Bata, Mongomo, Ebibeyin, Rebola et Annobon), les deux titres de 2008 et 2012 et même la volonté politique des autorités n’ont véritablement pas réussi à maintenir le pays longtemps au sommet du classement.
Pour mémoire, l’année 2018 est considérée comme une date clef dans l’histoire du football féminin, notamment avec la publication par la FIFA (Fédération internationale de football) de la «Stratégie pour le football féminin» et l’attribution du tout premier Ballon d’Or féminin FIFA à la norvégienne Ada Hegerberg.