Véritable surprise des Européennes, connaissez-vous le parti… animaliste?

La protection animale comme leitmotiv. Avec 2,2% des suffrages, le parti animaliste est la surprise de ce scrutin européen et s’offre même le luxe de dépasser des partis bien plus médiatisés comme les Patriotes ou l’UPR. Sputnik s’est entretenu avec Isabelle Dudouet-Bercegeay, coprésidente de cette toute nouvelle formation politique.
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Près de 500.000 voix pour défendre ceux qui n'en ont pas. C'était la surprise de ces Européennes, un meilleur résultat que Florian Philippot, Lutte ouvrière ou encore l'UPR de François Asselineau: connaissez-vous le parti… animaliste? Une formation politique créée en 2016, qui a fait de la protection des animaux sa pierre angulaire. Le parti animaliste obtient un score inédit de 2,17%, historique pour une aussi petite structure.

​Isabelle Dudouet-Bercegeay, cofondatrice du parti animaliste et numéro 3 de la liste, s'est entretenue avec Sputnik France afin d'expliquer les raisons d'un tel résultat.

Isabelle Dudouet-Bercegeay, coprésidente du Parti animaliste

Sputnik France: vous devancez l'UPR, les Patriotes ou encore Lutte ouvrière, vous talonnez le PCF et l'UDI, alors que vous n'étiez pas présent dans les débats télévisés et sans avoir de couverture médiatique importante. Êtes-vous surprise par ce résultat?

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Isabelle Dudouet-Bercegeay: «C'est vrai que c'est un score tout à fait significatif. Pour autant, nous nous attendions à un score supérieur, en réalité. Nous avons dû faire face effectivement à un boycott de la plupart des médias. À titre d'exemple, France 2 a octroyé plus de 20 h d'antenne pour LREM et à peu près 10 secondes pour le parti animaliste, cela pénalise pour se faire connaître.
Dans certains bureaux de vote, nous avons eu des témoignages sur des bulletins de vote mis directement à la poubelle, d'autres qui mettaient nos bulletins sous ceux des autres partis ou d'autres qui les laissaient dans les cartons, quand ce n'étaient pas carrément des préfectures comme la préfecture de l'Hérault, dont le rôle était de distribuer nos bulletins de vote au même titre que les autres partis, qui a pris l'initiative de les distribuer à seulement 21 communes sur 343.
Dans le Pas-de-Calais, ils ont choisi de mettre seulement 200 bulletins du Parti animaliste par commune, ce qui est évidemment totalement inadmissible au regard du code électoral. Pourtant on arrive à ce résultat de 2,2%, au regard des difficultés rencontrées, cela reste un score significatif, mais on espérait plus si les règles du jeu avaient été les mêmes pour tout le monde.»

Sputnik France: avez-vous prévu de faire un recours?

Isabelle Dudouet-Bercegeay: «Nous avons reçu des centaines de plaintes de personnes n'ayant pas pu voter pour nous. Dans ces cas-là soit ils ont voté pour un autre parti, soit voté blanc, soit ils se sont abstenus, mais dans tous les cas, ils sont fort mécontents. […] Le rôle de l'État est d'être garant du bon déroulement de cette élection, donc nous allons faire un recours. Avec un score à 3%, on peut prétendre à un remboursement de nos frais de campagne or là, avec tous ces bâtons dans les roues, nous n'avons pas pu l'atteindre. C'est vraiment scandaleux et on peut imaginer que ce score aurait pu être largement au-dessus des 3%.»

Sputnik France: On voit de plus en plus de mobilisations en faveur de la cause animale, de manifestations antispécistes; les Français semblent de plus en plus préoccupés par le bien-être animal, est-ce que c'est cette somme de facteurs qui a donné un élan positif à votre mouvement?

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Isabelle Dudouet-Bercegeay: «C'est vrai. 9 Français sur 10 [sondage IFOP publié en 2019, ndlr] considèrent cette cause importante, 7 Français sur 10 considèrent que la classe politique n'est pas à la hauteur des enjeux de cette cause. C'est 8 points de plus que 2018, donc c'est énorme. On voit que l'évolution est très importante. D'ailleurs, cinq communes [Rottier (Drôme), Piedicroce (Haute-Corse), Wavrille (Meuse), Betoncourt-sur-Mance (Haute-Saône) et Châtas (Vosges), ndlr] ont mis le parti animaliste en tête, c'est aussi quelque chose de tout à fait révélateur sur la modification des consciences et surtout des attentes de la population, de la prise en compte politique de leurs attentes.»

Sputnik France: D'ailleurs comment avez-vous pris la décision de vous lancer dans cette campagne européenne?

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Isabelle Dudouet-Bercegeay: «C'était une évidence pour nous dès la création du parti, nous avions les élections européennes en ligne de mire. Tout simplement parce qu'au niveau de la réglementation concernant les animaux, le sort qui leur est réservé, les quelques avancées qui ont été obtenues jusqu'à présent l'ont été grâce à l'Union européenne. La France, au contraire, bloquait les avancées en ce sens. […] La France bloque tellement les avancées que les autres partis européens sont mécontents, car elle empêche les évolutions dans leur propre pays, notamment sur les conditions d'élevage et d'abattage ou dans d'autres domaines, comme l'expérimentation animale.»

Sputnik France: Comment allez-vous traduire sur la scène nationale votre bon score? Allez-vous créer des alliances pour que votre cause soit portée par un plus grand parti?

Isabelle Dudouet-Bercegeay: «Non. Le parti est indépendant financièrement, politiquement. Ce que l'on souhaite, c'est vraiment que cela reste quelque chose au-delà du clivage gauche/droite. Le plus important, c'est que toute personne considérant cette cause comme primordiale puisse se reconnaître dans le parti animaliste. C'est aussi un moyen pour eux de manifester leur mécontentement, voire leur colère, mais aussi leur espoir face aux autres partis qui refusent de s'emparer de cette question.»

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