Alors qu'elle ne sera diffusée en Afrique centrale que dans un mois, l'émission télévisée «Les perles de Beverly Hills» apparaît déjà comme le porte-étendard de la nouvelle Afrique du divertissement, dans le genre de la téléréalité.
Son casting y est sans doute pour beaucoup: Ruth Jennifer Ondo Mouchita (Miss Gabon 2013), Vera Sidika (présentatrice télé kenyane), Nathalie Koah (ex-compagne du footballeur camerounais Samuel Eto'o) et Marie-Thérèse Yabit (cinéaste camerounaise) sont les quatre principales protagonistes de cette production audiovisuelle 100% africaine, adaptée de la version américaine Beverly Hills des années 90, qui avait beaucoup marqué toute une génération de jeunes africains.
Les quatre stars de l'émission télévisée «Les perles de Beverly Hills», avec de gauche à droite Nathalie Koah, Marie Thérèse Yabit, Jennifer Ondo et Vera Sidika.
Les télévisions d'Afrique du Centre, Canal 2 international du Cameroun, la panafricaine Novelas TV, TVGE de Guinée équatoriale ou Télé RCA de la Centrafrique, ont toutes demandé l'exclusivité de cette fiction africaine, qui s'annonce exceptionnelle.
«Les perles de Beverly Hills» relate en effet le quotidien de quatre jeunes femmes qui ne se connaissent pas… Elles ont en commun le même rêve, celui d'accéder à la notoriété et à l'opulence dans la ville huppée américaine de Los Angeles, où se frayer un chemin est un véritable chemin de croix.
Liil Serge Mbeutcha, le producteur de cette téléréalité, rassure sur l'accessibilité et la disponibilité de son émission:
«Elle sera diffusée tous les soirs et vendue à un moindre coût. Un prix conclu en accord avec la maison de distribution. Un épisode coûte en moyenne 70.000FCFA [114 euros, ndlr]. C'est presque un don pour les chaînes de télévisions centre-africaines», commente-t-il au micro de Sputnik.
«Souvenez-vous qu'au Cameroun, Paul et Chantal Biya ont appelé leur fille unique "Brenda" en hommage à l'actrice Brenda Walsh, star de la série Beverly Hills dans les années 90. Nous espérons avoir un impact aussi important sur nos téléspectateurs d'aujourd'hui en Afrique du Centre. Ce sera sans doute la série télévisuelle la plus regardée, compte tenu de la qualité des actrices choisies pour incarner les principaux rôles», rappelle Liil Serge.
La Camerounaise Nathalie Koa, l'une des actrices de la téléréalité, ici dans sa résidence de Yaoundé.
L'émission, dont la sortie est prévue pour la fin du mois de juin 2019, est très en prise sur le quotidien des gens et plonge le téléspectateur dans les méandres de la culture africaine face à la culture occidentale.
«Le teaser officiel de cette téléréalité que j'ai pu visionner promet des rebondissements au fil des épisodes, pour rendre compte de la véritable vie de ses quatre protagonistes. Des moments de tension entre ces femmes sont également à prévoir», commente au micro de Sputnik Firmin Eloga, un journaliste camerounais spécialiste de cinéma et de télévision.
L'intrigue s'articule autour de quatre jeunes femmes qui se rendent à Los Angeles pour la finalisation de leur projet professionnel. Mais, quelle que soit la teneur des critiques à venir, son réalisateur, Liil Serge, est sûr d'une chose: son programme ne laissera personne indifférent:
«"Les perles de Beverly Hills" va passionner tous les Africains et toutes les Africaines où qu'ils soient. J'en suis convaincu. Parce que ces quatre femmes sont aussi belles qu'ambitieuses. Elles sont les vraies vedettes de cette série, parce qu'on va les découvrir, chaque jour, prêtes à tout pour concrétiser leurs rêves dans la ville de tous les possibles: Los Angeles, en Californie! Icônes de la mode, femmes d'affaires, influenceuses, elles vont nous apparaître sous leur meilleur, mais aussi leur plus mauvais jour. Et pour pimenter un peu l'histoire, il y aura également des épisodes avec des rixes où elles finiront par se battre entre elles».
Selon le Producteur, cette émission, à l'instar de «la famille Kardashian» aux États-Unis, va permettre aux amoureux des téléréalités en Afrique de s'identifier aux personnages. Elle pourra être regardée en famille, dans des bureaux ou même dans des salles de cinéma pour la version téléfilm.
Production audiovisuelle, art cinématographique et promotion des cultures africaines.
Najima Ndurlamine, un promoteur de cinéma ambulant tchadien, que Sputnik a rencontré à Yaoundé, estime que les producteurs africains de séries télévisuelles à grand succès ont atteint une certaine maturité pour se lancer dans la production cinématographique, voire de films d'art et d'essai. Comme cela est le cas, aujourd'hui, au Nigéria avec le succès rencontré depuis une vingtaine d'années par «Nollywood». De nombreux réalisateurs se sont enrichis avec la production de séries B, mais ont ensuite réinvesti leur fortune dans des longs-métrages de qualité.
«Petit à petit, l'Afrique commence à émerger dans l'espace mondial cinématographique, mais on est bien sûr encore très loin de pays plus avancés dans ce domaine comme les États-Unis, l'Inde ou l'Europe, où le cinéma est considéré comme un art, le septième art…», fait-il remarquer.
«Dans près de 40 pays africains, de la Tunisie à l'Afrique du Sud en passant par le Cameroun, le Gabon, le Congo et la Guinée équatoriale, le public africain va pouvoir se délecter de cette production. L'émission sera diffusée en version originale (anglais) et sous-titrée. Ce qui fait que tout le monde pourra la regarder», se réjouit Émile Kingue.
Joint par Sputnik, Franklin Sango, un cinéphile centrafricain, se réjouit que cette production à 100% africaine ait pu être tournée par des réalisateurs africains avec des acteurs africains pour un public africain:
«Jamais je n'aurais pensé que des Africains seraient capables de produire une série de téléréalité bien faite et intéressante…»
Pour Eleme Asumu, analyste de cinéma équato-guinéen rencontré à Malabo, le principal mérite de cette nouvelle émission télévisée est qu'elle va surtout permettre de promouvoir la culture africaine partout dans le monde.
«Le cinéma, et particulièrement le cinéma africain, est un extraordinaire vecteur pour faire connaître les différents modes de vie qui prévalent sur le continent, dans toute leur variété, tout en soulignant leur spécificité. C'est vrai pour les cinéphiles comme pour le plus large public, car chacun trouve quelque chose qui lui est personnel en allant voir un film…», commente Eleme Asumu.
Malgré quelques problèmes organisationnels, le cinéma africain continue de susciter l'engouement du public et d'attirer de nombreux jeunes cinéastes. Mais la fraude, le piratage et le manque de financement gangrènent l'industrie cinématographique. Dans la quasi-totalité des pays d'Afrique subsaharienne, la filière est à repenser dans sa globalité: production, distribution, exploitation. Heureusement, les festivals comme les «Écrans noirs» et le FESPACO, qui contribuent à porter loin la voix du cinéma africain, sont devenus incontournables.