Le texte a été transmis pour promulgation par le Sénat majoritairement républicain au cabinet de la gouverneure républicaine de l'État, Kay Ivy. S'il est approuvé, il pourrait contribuer à déclencher une bataille judiciaire susceptible d'aller en Cour suprême, but avoué des opposants à l'avortement.
La puissante organisation de défense des droits civiques ACLU a déjà fait savoir qu'elle saisirait la justice pour empêcher l'application de ce texte.
«Ce texte punit les victimes de viol et d'inceste en les privant encore plus du droit à disposer de leur propre corps et en les obligeant à donner naissance», selon l'ACLU.
L'organisation féministe américaine National Organization for Women a qualifié la loi d'«inconstitutionnelle», estimant que sa mise en application «renverrait les femmes de l'État aux jours noirs durant lesquels les parlementaires contrôlaient leur corps, leur santé et leur vie».
Le président du Sénat de l'État, Will Ainsworth, a salué «une étape majeure dans la défense des droits de l'enfant à naître», ajoutant: «alors que des États libéraux approuvent l'avortement tardif ou post-natal, Roe doit être combattu et je suis fier que l'Alabama ouvre la voie».
«Vous venez de violer vous-même l'État de l'Alabama», a déclaré pour sa part Bobby Singleton, membre démocrate du Sénat, après le rejet par les sénateurs d'un amendement demandant des exceptions à l'interdiction de l'avortement.
«Vous dites à ma fille: tu ne comptes pas dans l'État de l'Alabama… Les hommes peuvent te violer et tu auras ce bébé si tu tombes enceinte», a-t-il ajouté, la voix parfois tremblante d'émotion.
Le projet avait été adopté début mai par la Chambre des représentants de l'Alabama.
Plusieurs États conservateurs envisagent des lois anti-avortement tandis que des Etats libéraux cherchent à garantir le droit à l'interruption volontaire de grossesse en l'inscrivant dans leurs Constitutions.
La Géorgie a adopté début mai une loi qui interdit l'avortement dès que les battements du cœur du foetus sont détectables, soit environ à la sixième semaine de grossesse, quand de nombreuses femmes n'ont pas encore conscience d'être enceintes soulignent les détracteurs de ces législations dites «battement de cœur».
Des textes similaires adoptés dans le Kentucky et le Mississippi ont été bloqués par des tribunaux et il est probable que la loi de Géorgie connaisse le même sort.
Des mesures comparables sont en passe d'être adoptées dans l'Ohio, le Missouri et le Tennessee.