Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a achevé, le 9 mai, une mini-tournée en Amérique latine, qualifiée «d’inédite» par la diplomatie tunisienne.
Différentes rencontres avec des ministres et autres hauts responsables politiques argentins et uruguayens ont ponctué cette tournée, de même que la signature de conventions bilatérales se rapportant à des thématiques économiques ou sociales.
Néanmoins, le principal objectif de cette tournée demeure un accord de libre-échange avec le Marché commun du Sud (Mercosur), souhaité par les Tunisiens, a appris Sputnik d’une source diplomatique tunisienne.
«Nous pensons qu’une adhésion au Mercosur, en tant que membre observateur, est une bonne chose vu le grand potentiel économique de ce marché, alors que la présence tunisienne y demeure relativement faible. Il s’agira pour nous de partir à la recherche de nouvelles formes de partenariat, de nouvelles niches de coopération, et attirer davantage d’investisseurs qui seront peut-être moins intéressés par la taille —réduite- de notre marché, que par notre positionnement géographique, ainsi que nos cadres de coopération avec l’Afrique et l’Union européenne», a déclaré cette source du ministère des Affaires étrangères à Sputnik.
Créé en 1991 par le traité d’Asuncion, le Marché commun du Sud rassemble actuellement l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, en attendant l’adhésion de la Bolivie, alors que le Venezuela a été suspendu, en 2017. Troisième marché le plus intégré au monde, il permet la libre circulation des personnes, des biens et services et représente, actuellement, plus de 80% du PIB de l’Amérique du Sud.
Pour Foued Ben Said, enseignant chercheur et expert à l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES- rattaché à la Présidence de la République tunisienne), le fait de viser ces grands ensembles régionaux permet d’accéder à des avantages inhérents à ces regroupements comme les exonérations douanières. Il s’agit, aussi, pour la Tunisie de trouver des débouchés à grande échelle, en mettant en œuvre une large palette d’offres, chose qui pourrait être plus difficilement réalisée en passant par des accords bilatéraux», toutefois
«Il est regrettable que ces adhésions ne s’adossent pas souvent, en amont, à des études précises permettant d’évaluer les meilleures approches à adopter pour tirer le meilleur parti de ces accords de coopération. D’autant plus qu’il y a souvent des aspects politiques, culturels qu’il nous faut absolument maîtriser, en amont, en ce qu’ils conditionnent, aussi, la meilleure façon d’interagir avec les marchés en question. Ainsi, nos démarches s’apparentent, davantage, à des solutions ponctuelles, des réponses économiques à des situations de crise, lesquelles sans être franchement précipitées, ne sont pas bien étudiées pour autant. Alors, après conclusion des accords, on a tendance à vouloir ajuster, au fur et à mesure, pour tirer le meilleur parti de chaque marché en fonction de ses spécificités», explique cet expert, en imputant ce manque de préparation à une situation d’instabilité gouvernementale depuis 2011.
«Dans peu de temps, la Tunisie sera élue membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. On est appelé à se prononcer sur tous les dossiers et sujets à enjeu international. D’où la nécessité d’échanger les points de vue avec nos partenaires dans les différents continents, mais aussi, communiquer sur l’approche tunisienne sur le rôle du Conseil de sécurité, et les réformes à y apporter pour qu’il soit à la fois plus représentatif et plus efficace», a conclu la source diplomatique de Sputnik.