Conseil de sécurité et Mercosur au cœur d’une mini-tournée sud-américaine du MAE tunisien

Le chef de la diplomatie tunisienne a effectué une mini-tournée en Amérique latine pour donner une impulsion aux négociations d’un accord de libre-échange avec le Mercosur et échanger sur les questions internationales à la veille d’une élection tunisienne au Conseil de sécurité de l’Onu.
Sputnik

Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a achevé, le 9 mai, une mini-tournée en Amérique latine, qualifiée «d’inédite» par la diplomatie tunisienne.

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L’officiel tunisien s’est d’abord rendu en Argentine, les 6 et 7 mai, où il a assisté à l’ouverture du forum économique tuniso-argentin, en compagnie de plusieurs hommes d’affaires tunisiens, avant de se diriger vers l’Uruguay. Sa visite à Montevideo est la première du genre depuis l’établissement des relations diplomatiques avec ce pays en 1965, alors qu’aucun ministre tunisien des Affaires étrangères ne s’était rendu en Argentine depuis 25 ans.

Différentes rencontres avec des ministres et autres hauts responsables politiques argentins et uruguayens ont ponctué cette tournée, de même que la signature de conventions bilatérales se rapportant à des thématiques économiques ou sociales.

Néanmoins, le principal objectif de cette tournée demeure un accord de libre-échange avec le Marché commun du Sud (Mercosur), souhaité par les Tunisiens, a appris Sputnik d’une source diplomatique tunisienne.

«Nous pensons qu’une adhésion au Mercosur, en tant que membre observateur, est une bonne chose vu le grand potentiel économique de ce marché, alors que la présence tunisienne y demeure relativement faible. Il s’agira pour nous de partir à la recherche de nouvelles formes de partenariat, de nouvelles niches de coopération, et attirer davantage d’investisseurs qui seront peut-être moins intéressés par la taille —réduite- de notre marché, que par notre positionnement géographique, ainsi que nos cadres de coopération avec l’Afrique et l’Union européenne», a déclaré cette source du ministère des Affaires étrangères à Sputnik.

Créé en 1991 par le traité d’Asuncion, le Marché commun du Sud rassemble actuellement l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, en attendant l’adhésion de la Bolivie, alors que le Venezuela a été suspendu, en 2017. Troisième marché le plus intégré au monde, il permet la libre circulation des personnes, des biens et services et représente, actuellement, plus de 80% du PIB de l’Amérique du Sud.

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L’intérêt du pays africain pour le Mercosur remonte à quelques années. En 2014, un accord-cadre de coopération commerciale et économique a été signé, et les négociations se sont, depuis, poursuivies. Parallèlement, Tunis a entrepris des démarches pour intégrer d’autres ensembles régionaux. Il s’agit de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA). Si le processus demeure à un stade avancé, pour la CEDEAO, après l’obtention en juillet 2017 du statut de membre observateur, l’adhésion a été formalisée au sein du «bloc régional le plus grand d’Afrique», la COMESA, en juillet 2018.

Pour Foued Ben Said, enseignant chercheur et expert à l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES- rattaché à la Présidence de la République tunisienne), le fait de viser ces grands ensembles régionaux permet d’accéder à des avantages inhérents à ces regroupements comme les exonérations douanières. Il s’agit, aussi, pour la Tunisie de trouver des débouchés à grande échelle, en mettant en œuvre une large palette d’offres, chose qui pourrait être plus difficilement réalisée en passant par des accords bilatéraux», toutefois

«Il est regrettable que ces adhésions ne s’adossent pas souvent, en amont, à des études précises permettant d’évaluer les meilleures approches à adopter pour tirer le meilleur parti de ces accords de coopération. D’autant plus qu’il y a souvent des aspects politiques, culturels qu’il nous faut absolument maîtriser, en amont, en ce qu’ils conditionnent, aussi, la meilleure façon d’interagir avec les marchés en question. Ainsi, nos démarches s’apparentent, davantage, à des solutions ponctuelles, des réponses économiques à des situations de crise, lesquelles sans être franchement précipitées, ne sont pas bien étudiées pour autant. Alors, après conclusion des accords, on a tendance à vouloir ajuster, au fur et à mesure, pour tirer le meilleur parti de chaque marché en fonction de ses spécificités», explique cet expert, en imputant ce manque de préparation à une situation d’instabilité gouvernementale depuis 2011.

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La mini-tournée du ministre tunisien poursuit, toutefois, un objectif plus politique, d’après la source diplomatique de Sputnik. La Tunisie s’apprête à siéger de nouveau au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, en tant que membre non permanent, en 2020, après un vote favorable —considéré comme acquis- en juin 2019.

«Dans peu de temps, la Tunisie sera élue membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. On est appelé à se prononcer sur tous les dossiers et sujets à enjeu international. D’où la nécessité d’échanger les points de vue avec nos partenaires dans les différents continents, mais aussi, communiquer sur l’approche tunisienne sur le rôle du Conseil de sécurité, et les réformes à y apporter pour qu’il soit à la fois plus représentatif et plus efficace», a conclu la source diplomatique de Sputnik.

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