Au premier jour de l'examen d'une loi sur la castration chimique pour certains criminels sexuels, notamment pour les pédophiles, la Ligue a récolté à travers l'Italie plus de 50.000 signatures en faveur d'un tel acte législatif, promu par Matteo Salvini, leader de ce parti politique, vice-président du Conseil italien et ministre de l'Intérieur du pays. D'après Luigi Di Maio, autre vice-président du conseil des ministres, ce n'est qu'un «moyen de détourner les électeurs des problèmes réels».
«Comme beaucoup d'autres spécialistes, j'estime que la castration chimique est absolument inutile. Pire, elle comporterait un grand risque de criminalisation. […] La violence sexuelle, dont la pédophilie, n'est pas une preuve d'érotisme, mais de haine», a déclaré à Sputnik le sexologue Marco Inghilleri, directeur du Centre de psychologie clinique et vice-président de la Société italienne de sexologie et d'éducation sexuelle (SISES).
Et d'ajouter que la chimie et l'aspect érotique n'avaient rien à voir avec les crimes sexuels, dont ceux des pédophiles.
«J'ai étudié cette question pendant le conflit serbo-bosniaque. Le viol sur la base ethnique y visait l'anéantissement de la personnalité et constituait un acte de violence à l'égard de l'adversaire», a raconté l'Italien.
Selon ce dernier, la castration chimique peut s'avérer parfaitement inefficace, le rôle principal revenant au cerveau. Les médicaments utilisés dans le cadre de la castration chimique jouent sur la testostérone, l'hormone qui stimule à la fois le désir sexuel des hommes et sa manifestation physique, l'érection.
«Pourtant, en réalité, l'érection ne disparaît pas. […] Qui plus est, ces médicaments sont susceptibles de porter une grave atteinte biologique à la santé et de pousser même le criminel à vouloir se venger de l'État», a prévenu l'expert.
L'expert a souligné que le seul moyen de prévenir ces crimes monstrueux consistait à élever le niveau de culture de la société. Il s'est aussi prononcé contre l'augmentation des délais d'emprisonnement pour les délinquants sexuels.
«En l'état actuel des choses, la prison n'est rien d'autre qu'une université de criminalité. […] La peine infligée n'y constitue pas un élément de dissuasion. Même la menace de la peine capitale ne prévient souvent pas les crimes, mais les motive plutôt. Sachant qu'il encourt une peine de mort, le criminel devient encore plus méchant», a averti le sexologue.