Crise séparatiste au Cameroun: les USA condamnent la décapitation de deux soldats

L'ambassade des États-Unis au Cameroun a condamné dans une publication l'assassinat de deux soldats camerounais dans les régions anglophones du pays en proie à une crise séparatiste. Cette déclaration fait suite à la diffusion le 25 avril sur les réseaux sociaux de photographies d'hommes en tenue décapités au nord-ouest et sud-ouest du Cameroun.
Sputnik

«L'ambassade des États-Unis déplore les actes de torture, le démembrement et la décapitation d'un gendarme dans la région du Sud-Ouest du Cameroun. Nous condamnons également la décapitation d'un soldat camerounais à Bamenda, dans la région du Nord-Ouest» informe une publication sur le site de la représentation américaine à Yaoundé, à la suite de la diffusion le 25 avril dernier sur les réseaux sociaux de photographies d'hommes en tenue, décapités, dans les régions anglophones en proie à une violente crise séparatiste.

L'ambassade des États-Unis appelle toute personne disposant d'informations susceptibles de contribuer à l'identification des auteurs de ces actes à assister les autorités légales et à soutenir une enquête et un procès justes et transparents. Par ailleurs, la représentation diplomatique exhorte la police et les forces de sécurité camerounaises à faire preuve de retenue face à cette situation car «les représailles contre ces provocations mettraient en danger la population civile et ne feraient que nourrir un cycle de violences.»

«La violence doit cesser. Maintenant plus que jamais, nous appelons les deux parties à engager un dialogue élargi sans condition préalable », conseille l'ambassade.

Les Ambazoniens, ces séparatistes camerounais couvés par Washington
Le dialogue, une option longtemps proposée par bien des acteurs de la société civile et d'analystes au Cameroun, mais qui jusqu'ici tarde à être mise en place par le régime de Yaoundé.

«C'est une crise politique qui n'a pas besoin des armes. On devrait résoudre cette crise par un dialogue. Alors que les anglophones avaient des revendications légitimes, le gouvernement s'est contenté d'imposer sa manière de faire, ce qui a radicalisé la partie anglophone et les sécessionnistes ont saisi cette occasion pour gagner le cœur des anglophones. Voilà pourquoi nous en sommes où nous sommes. Il y aura toujours des violations des droits, parce que l'armée utilise ses moyens pour se maintenir», a commenté Wanah Immanuel Bumakor, spécialiste des relations internationales dans un entretien accordé à Sputnik France.

Sur la portée de cette prise de parole de l'ambassade américaine au sujet de la crise anglophone, Joseph Lea Ngoula, analyste des questions sécuritaires pense qu'elle «traduit dans un premier temps une attention plus soutenue de diplomatie américaine pour la situation sécuritaire du Cameroun. Réagir à chaque incident est une manière de signifier au gouvernement en place qu'on suit la situation de prêt et qu'on documente tous les incidents d'où qu'ils viennent», a-t-il poursuivit au micro de Sputnik France, avant d'ajouter:

«Dans un second temps, cette sortie vise à contredire un reproche qui est souvent fait aux américains de ne s'acharner que sur le gouvernement camerounais tout en des exactions commises par les séparatistes. Comme la plupart des sorties, la principale visée de cette communication est de conforter aux yeux de l'opinion la neutralité de la diplomatie américaine au sujet de la crise anglophone. Il ne faudrait pas s'entendre à une action additionnelle pour appuyer la déclaration», a-t-il affirmé.

Dans les régions anglophones du Cameroun, une crise sociopolitique s'est installée depuis octobre 2016 à la suite des revendications corporatistes des enseignants et des avocats muées au fil du temps en revendications séparatistes. Des combats opposent régulièrement l'armée à des groupes de séparatistes armés qui demandent la création d'un État indépendant qu'ils appelleraient République fédérale d'Ambazonie.

Cameroun, retour à Buea, épicentre de la crise séparatiste anglophone
Dans un rapport publié le 28 mars dernier, Human Rights Watch dénonce des attaques contre les civils camerounais menées aussi bien par les séparatistes anglophones que par les forces de l'ordre. D'après l'organisation de défense des droits de l'Homme, 170 civils et 31 membres des forces de sécurité ont été tués et des centaines d'habitations ont été incendiées dans des violences au cours des six derniers mois.

L'ONG interpelle dans le même document les membres du Conseil de sécurité de l'Onu quant à l'urgence d'ajouter la question du Cameroun à l'ordre du jour du Conseil et appelle le Secrétaire général de l'Onu à l'organisation d'une réunion d'information sur cette situation.

 

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