Des employés de l'agence fédérale de l'aviation (FAA) étaient chargés de superviser et de contrôler la compagnie aérienne Southwest Airlines, plus grosse cliente du 737 MAX, avec une flotte de 34 appareils en service à l'époque, annonce l'AFP.
Après discussion, ils avaient finalement abandonné cette piste, mais l'information n'était pas remontée jusqu'aux hauts responsables de l'agence fédérale, a encore dit cette source, confirmant des informations du Wall Street Journal.
Les inspecteurs avaient découvert que Boeing avait choisi de rendre optionnel et payant le signal d'alerte lumineux, après que Southwest eut demandé au constructeur de le réactiver à la suite de l'accident d'un 737 MAX 8 de Lion Air ayant entraîné la mort de 189 personnes le 29 octobre dernier en Indonésie.
Boeing avait désactivé automatiquement ce signal dans les 737 MAX livrés à Southwest sans en informer la compagnie aérienne. Ni celle-ci, ni ses pilotes n'étaient au courant des changements lorsqu'ils ont commencé à faire voler l'avion en 2017, a indiqué à l'AFP une porte-parole de Southwest.
«Avant l'accident de Lion Air, les signaux (…) étaient présentés par Boeing comme opérationnels, peu importe que vous ayez sélectionné la fonctionnalité», a déclaré par courriel la porte-parole de Southwest.
Mais «après l'accident de Lion Air, Boeing a informé Southwest que les signaux étaient inopérables si on n'avait pas pris l'option», a-t-elle ajouté.
C'est à ce moment-là que Southwest a choisi de prendre cette option pour tous ses appareils, a conclu la porte-parole.
Contacté par l'AFP, Boeing n'a pas répondu dans l'immédiat.
Le MCAS a également été mis en cause dans l'accident d'un 737 MAX 8 d'Ethiopian Airlines, qui s'est écrasé le 10 mars dernier au sud-est d'Addis-Abeba, faisant 157 morts.
Cet accident a entraîné l'immobilisation au sol à travers le monde de la flotte des 737 MAX. Boeing travaille à des changements du MCAS pour obtenir la levée de l'interdiction de vol, mais cette crise lui a déjà coûté 1 milliard de dollars, a-t-il indiqué mercredi dernier.
La facture devrait grimper, car l'avionneur va sans doute indemniser les compagnies aériennes, qui ont annulé des milliers de vols jusqu'à cet été et ont dû étoffer leurs équipes des services clients et réservations.
Baptisé «disagree light» dans le langage de Boeing, ce signal d'alerte lumineux s'enclencherait en cas d'informations erronées transmises par une ou deux sondes d'incidence («Angle of attack»- AOA) au système de stabilisation MCAS.
Ce dernier mesure l'angle d'attaque et met l'avion en piqué pour lui permettre de reprendre de la vitesse et de s'éloigner du risque de décrochage fatal.
D'après les premiers éléments de l'enquête concernant Lion Air, une des deux sondes d'incidence AOA était tombée en panne.
Un autre problème est apparu lors de ce même accident: bien que défaillante, la sonde a continué à transmettre des informations aux calculateurs, notamment au MCAS.
Avec l'AOA hors service, il aurait fallu désactiver le MCAS. Ce que ne savait pas l'équipage de Lion Air.
Boeing a suspendu les livraisons de 737 MAX et réduit la production d'environ 20%.