À Rio de Janeiro, le Musée national du Brésil brûle le 2 septembre 2018
Le palais de Saint-Christophe, construit par un riche négociant portugais au tout début du XIXe siècle, a pris feu après la fermeture du musée aux visiteurs. Deux niveaux de l'édifice sont ravagés et la toiture s'est effondrée au milieu du brasier. Plusieurs versions de ce sinistre ont étés évoquées: la police fédérale annonce notamment que l'incendie a été provoqué par un dysfonctionnement de la climatisation dans l'auditorium, tandis que l'opinion publique avance l'hypothèse d'une lanterne chinoise qui a atterri sur le toit de l'immeuble. Quoi qu'il en soit, les Brésiliens ont été surtout choqués par l'absence de système de protection incendie, faute de financement.
L'incendie n'a pas fait de victimes, mais le bâtiment et sa riche collection sont irrémédiablement endommagés. L'incendie a détruit près de 90% des 20 millions d'objets stockés dans le musée. Il s'agissait de l'une des plus grandes collections d'animaux, d'insectes, de minéraux d'Amérique du Nord et du Sud, de plats indiens, de momies et d'antiquités égyptiennes et sud-américaines, d'artefacts archéologiques, de météorites, de fossiles. Le musée abritait par exemple le plus ancien fossile humain découvert sur le continent américain- le squelette de Luzia, âgé de près de 12.000 ans, retrouvé partiellement dans les décombres.
La Glasgow School of Art, en partie détruite par deux incendies, en 2014 et en 2018
C'est à deux reprises que le bâtiment de l'École d'Art de Glasgow a été la proie des flammes. Le 15 juin 2018, la School of Art, située dans un bâtiment historique en reconstruction après l'incendie de 2014, a pris feu. Les pompiers n'ont pas pu localiser le feu et les flammes se sont vite propagées dans les bâtiments voisins. Le feu n'a été maîtrisé que le lendemain.
Le bâtiment de la School of Art, fondée en 1845 et toujours considérée comme l'une des principales écoles d'art européennes, a de nouveau été gravement endommagé. Ce bâtiment —élu par les Britanniques comme le plus populaire au Royaume-Uni de ces 175 dernières années- a été construit en 1909 par l'un des fondateurs du style Art nouveau, l'écossais Charles Mackintosh.
Après l'incendie de 2014, le coût de la restauration du bâtiment s'élevait à environ 35 millions de livres (40,4 millions d'euros). Tous les travaux de restauration du monument devaient être achevés d'ici la fin de 2018, mais le sort a de nouveau frappé l'École. Le feu a été éteint rapidement, le bâtiment a été sauvé. Désormais, la reconstruction à l'identique est annoncée pour 2.022 à 2025.
À Nantes, la basilique des Saints-Donatien-et- Saint-Rogatien
Le 15 juin 2015, un incendie ravage les trois quarts de la toiture de la basilique de la fin XIXe des Saints-Donatien-et-Saint-Rogatien, à Nantes.
L'une des causes probables de l'incendie serait deux ouvriers couvreurs qui travaillaient à la réfection du bâtiment. Ils réparaient un chéneau en plomb à l'aide d'un chalumeau.
Six ans de travaux sont nécessaires pour restaurer la basilique. Et, cette fois-ci, les architectes travaillent main dans la main avec les pompiers: pour faciliter l'intervention des secours à l'avenir, on installe des colonnes sèches jusqu'au sommet du bâtiment.
Un mois tout juste avant l'incendie de Notre-Dame, la presse française présente la reconstruction de la basilique comme «probablement unique en France de par son ampleur». La rénovation totale de l'édifice devrait coûter entre 10 et 13 millions d'euros, et elle s'achèvera au printemps 2021.
Le château Windsor renaît de ses cendres au bout de cinq ans de travail acharné
Le 20 novembre 1992, un incendie s'est déclaré à Windsor, la résidence d'été des monarques britanniques, dans le Berkshire. Quand, 15 heures plus tard, le feu a été éteint, on a constaté que c'était surtout la partie haute du château qui avait subi de gros dommages.
Une fois de plus, c'est la négligence lors de travaux de restauration qui est en cause. On évoque un des projecteurs installés temporairement pour les travaux qui aurait mis le feu a un rideau dans une chapelle privée, dans le coin nord-est des appartements d'État. Plus de 100 chambres ont été sérieusement endommagées, comme c'est toujours le cas, non seulement par l'incendie en soi, mais également par l'eau déversée dans les flammes.
À l'instar d'autres immeubles gouvernementaux britanniques, le château de Windsor n'était pas assuré et les fonds nécessaires à sa restauration ont été prélevés sur le prix de visite des autres monuments publics- le palais de Buckingham à Londres et le parc entourant le château de Windsor. Le programme de restauration de 37 millions de livres sterling a été achevé en 1997.
Né «grâce» à l'incendie de Moscou en 1812, le Manège victime du feu en 2004
Le 14 mars 2004, un bâtiment historique a pris feu au cœur même de Moscou, à la Salle centrale d'exposition, dite Le Manège. Le bâtiment a été conçu par Agustín de Betancourt, ingénieur espagnol au service de l'empereur Alexandre Ier, en l'honneur du cinquième anniversaire de la victoire russe contre Napoléon en 1812. C'était un espace couvert de 166 mètres de long et 45 mètres de large sans colonnes, destiné à accueillir les défilés militaires, et dans lequel pouvait manœuvrer librement tout un régiment d'infanterie. À l'origine, 30 piliers en bois de mélèze soutenaient le toit massif.
La cause officielle de l'incendie, face au Kremlin- qui a coûté la vie à deux pompiers et a reçu la catégorie de difficulté la plus élevée- était un court-circuit. Les pompiers ont mis beaucoup de temps à maîtriser l'incendie et le toit du bâtiment, ainsi que deux murs à l'intérieur se sont effondrés.
La mairie de Moscou a réglé la note de la reconstruction du bâtiment, en y ajoutant notamment des places de parking en sous-sol. Les expositions artistiques ont repris dès l'automne 2005. Les architectes ont réussi à recréer le style Empire du bâtiment historique, tout en y ajoutant des ascenseurs et des escaliers mécaniques, ainsi qu'un système moderne de sécurité incendie et de climatisation. Le prix de la restauration était estimé à l'époque à un million d'euros.
À Belfast, l'un des joyaux du patrimoine architectural ravagé par le feu en 2018
En août 2018, le magasin prêt-à-porter Primark prend feu à Belfast, la capitale de l'Irlande du Nord.
Il se trouve dans le Bank Buildings, un bâtiment historique du XVIIIe siècle, qui, comme son nom l'indique, abritait auparavant des banques.
L'incendie s'est propagé rapidement jusqu'aux derniers étages de l'immeuble en cours de rénovation, détruit complètement le toit et —surtout- le joyau de l'immeuble: une ancienne horloge ornant la façade.
D'après la presse, l'incendie de Primark coûte jusqu'à trois millions de livres sterling à l'économie de Belfast. Un magasin a été ouvert en décembre sur Castle Street, et on continue à travailler sur le système de conservation pour l'ensemble d'immeubles de l'ancienne banque.
En pleine canicule estivale, le 10 août 2018, l'église de la Dormition de la Vierge prend feu au bord du lac Onega en Carélie, près de la ville Kondopoga. La silhouette élancée au bord de l'eau de cette église en bois, construite en1774 était l'un des symboles de cette région. Elle avait déjà été restaurée deux fois durant le XXe siècle. La hauteur de l'église de 42 mètres faisait d'elle l'un des bâtiments en bois les plus hauts de Russie. On a perdu dans l'incendie l'iconostase à cinq niveaux et le plafond avec la composition «Divine Liturgie» du XVIIIe siècle. La piste principale de l'enquête évoque un incendie criminel, dont on soupçonne un adolescent de 15 ans ayant des antécédents psychiatriques.
L'incendie de Notre-Dame a ravivé une polémique sur le financement des travaux de restauration en Russie (tout comme à travers le monde). Effectivement, seuls 100.000 euros ont été réunis en huit mois pour la restauration de l'église de Kondopoga- un chef-d'œuvre architectural du XVIIIe siècle, tandis que les promesses de dons pour la cathédrale française ont flambé en quelques jours et atteint près qu'un milliard d'euros.
Ainsi, dans le malheur de l'incendie parisien, on trouve le bonheur de pouvoir reparler de tous les «oubliés et offensés» de la restauration des monuments historiques à travers l'Europe.