L'église de l'Assomption à Kondopoga, un chef-d'œuvre de l'architecture russe en bois et symbole du Grand Nord russe, a été entièrement détruite dans un incendie vendredi matin.
D'une hauteur de 42 mètres, l'église dominait le lac Onega depuis 1774 mais est partie en fumée ce matin. Le feu a pris à 9h33, heure locale. Les sapeurs-pompiers arrivés sur place ont retrouvé le bâtiment unique entièrement en proie aux flammes.
Monument historique de portée nationale et connu des spécialistes de l'architecture dans le monde entier, l'église représentait l'une des curiosités les plus connues de Carélie.
Selon le directeur du musée de la région de Kondopoga, toutes les icônes, très précieuses, de l'église ont disparu dans l'incendie. Une icône particulièrement précieuse venait juste d'être apportée dans l'église.
Interrogé par Sputnik, le critique d'art moscovite Andreï Tchekmariov a qualifié cet incendie de «véritable catastrophe dans le domaine de la protection du patrimoine architectural russe».
L'église à pans inclinés, la plus haute du genre dans le Nord-Ouest russe, avait été conservée durant toute l'époque soviétique [notoirement impitoyable envers les œuvres d'art religieuses, ndlr] en tant que monument unique, avait été restaurée par les meilleurs professionnels, a rappelé l'expert. Il y a quelques années, l'église avait été rendue aux croyants mais demeurait sur la liste des monuments nationaux les plus importants, un statut qui prévoit notamment une protection soutenue de la part de l'État.
Sa couverture en pavillon, haute et svelte, avec sa base octogonale qui s'écartait vers le haut créait une silhouette unique en forme de tour s'inscrivant parfaitement dans le paysage nordique et devenait épique avec le lac en fond», raconte M. Tchekmariov.
De son côté, le journaliste et critique d'art de la ville de Tver Pavel Ivanov a indiqué à Sputnik que la Russie avait perdu la plus belle de ses églises en bois à la toiture en pavillon. Et sans doute la plus haute.
«C'était quelque chose d'incroyable. Le lac Onega, la hauteur irréelle de la toiture, les rondins, si chauds et puissants, comme un véritable salut de la Russie ancienne.»
L'église, selon Andreï Tchekmariov, était depuis longtemps perçue comme l'un des symboles de la culture nationale russe, elle était fréquentée par les touristes et particulièrement photographiée. Elle conservait une iconostase authentique en bois à multiples niveaux et de superbes «cieux», c'est-à-dire, un plafond en segments peints représentant la Liturgie céleste avec Jésus assis au centre et incarnant le Grand pontife entouré d'archanges et de saints. «Ces cieux étaient uniques pour leur iconographie», souligne le spécialiste.
Après la disparition de l‘église de Kondopoga, la Russie n'a plus de monument en bois comparables au niveau de l'expression artistique, de ses dimensions et de son état de conservation, a ajouté l'expert.
«C'est une perte irréparable. La culture russe a perdu à jamais l'un de ses chefs-d'œuvre», a-t-il regretté.
Selon le critique d'art, il est dangereux de remettre des monuments d'une telle importance entre les mains des simples croyants de paroisse. Car les cierges utilisés lors des services religieux représentent un grand risque pour le bois.