Intervenant à la table ronde «Le développement des projets gaziers dans les Balkans», organisée à Sofia et associant des experts bulgares, russes, roumains, serbes et turcs, l'ex-ministre bulgare de l'Énergie Rumen Ovcharov a déclaré que si le tube du Turkish Stream ne passait pas par la Bulgarie, le pays pourrait se retrouver dans une situation difficile d'ici la fin d'année en raison d'un arrêt éventuel du transit de gaz via l'Ukraine, annonce le journal en ligne Glasove.
«Sans le Turkish Stream, les livraisons de gaz en Bulgarie seraient remises en cause. […] Il est inadmissible que les décisions adoptées ne profitent qu'à un seul pays. Il faut trouver un intérêt mutuel pour tous», a souligné le Bulgare.
Et d'exhorter la Bulgarie à chercher des alliés pour garantir ses intérêts énergétiques.
«Le projet South Stream n'a pas été réalisé non seulement à cause de pressions géopolitiques, mais aussi parce que les adversaires de ce projet avaient fait front uni, alors que ce n'était pas le cas de ses partisans», a rappelé l'ex-ministre.
Auparavant, il a espéré que la Bulgarie pourrait faire valoir ses propres intérêts liés au Turkish Stream face aux États-Unis, principal adversaire des livraisons de gaz russe. Il a par ailleurs jugé peu probables dans l'immédiat les achats bulgares de gaz naturel liquéfié (GNL) américain, vu son prix trop élevé.
Selon M.Ovcharov, la Bulgarie pourrait en recevoir depuis la Grèce, mais celle-ci n'utilise elle-même un tel terminal qu'à 30% à cause également de son coût.
«Je ne pense pas que dans un proche avenir, des changements notables y soient possibles», a-t-il résumé, toujours selon Glasove.
Annoncé en décembre 2014, le Turkish Stream devrait compenser l'abandon surprise du South Stream, un précédent projet de gazoduc devant alimenter le sud de l'Europe en passant sous la mer Noire et en contournant l'Ukraine. La Russie l'a arrêté en raison du blocage de la Commission européenne.
La mise en service du Turkish Stream était initialement prévue pour décembre 2016, mais le projet a été interrompu en octobre 2015, en raison d'une crise diplomatique de plusieurs mois entre Ankara et Moscou. Il a finalement été réactivé en septembre 2016.