La Première ministre britannique a obtenu un nouveau report de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, soit une nouvelle extension de l'article 50 du traité de Lisbonne. Mais à qui cela profite-t-il? David Lindsay, observateur politique, s'est confié à Sputnik, commentant les péripéties du Brexit.
«Ma théorie à ce sujet, et c'est uniquement ma théorie personnelle, est que Theresa May […] essaie de faire en sorte que les choses s'étendent sur quatre ans, quatre ans dans les conseils locaux et ainsi de suite. Elle veut sans doute faire demi-tour pour pouvoir dire "il faut encore voter dans quatre ans". Et quatre ans, c'est assez long pour avoir changé d'avis», estime l'interlocuteur de l'agence.
Il pense que Mme May essaie de faire une sorte de demi-tour et il est fort possible que l'UE en soit toute à fait consciente et qu'une coopération à cet effet puisse avoir lieu.
«Somme toute, la réalité est telle que dans les cinq ans qui viennent, si cette situation venait à s'éterniser, la Grande-Bretagne pourrait bien demander son retour au sein de l'Union européenne», avance M.Lindsay.
Et de supposer que le Parti conservateur en était plutôt convaincu.
«S'il y avait des élections générales cette année, les travaillistes seraient sans aucun doute le plus grand parti à la Chambre des Communes. […] Et les conservateurs, à en juger ce que publient leurs journaux, notamment The Mail on Sunday, y seraient de plus en plus ouverts et admettraient qu'un gouvernement Corbyn puisse se former», détaille l'expert.
Il estime que si le Parti travailliste remportait les élections générales, la «machine conservatrice» s'y résignerait.
«Corbyn serait Premier ministre si les élections se tenaient cette année», affirme l'interlocuteur de Sputnik.
Les termes des négociations entre Theresa May et Jeremy Corbyn s'orientent vers la solution d'un «Brexit soft», qui comprendrait le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE. Mais cette solution est largement rejetée au sein du parti conservateur, actuellement majoritaire au sein de la Chambre des Communes.
Les observateurs constatent que la Première ministre s'applique par tous les moyens à négocier un compromis avec l'opposition travailliste dirigée par le paradoxal Jeremy Corbyn. En effet, ce dernier est notoirement eurosceptique, mais se trouve à la tête d'un parti, le Labour, dont la majorité des cadres sont europhiles et souhaitent, pour beaucoup, l'organisation d'un nouveau référendum sur le Brexit.