Sans avoir reconnu le Kosovo, la Serbie n'aura aucune chance d'adhérer à l'Union européenne et seuls les Serbes doivent décider d'échanger ou non leur province contre le privilège d'appartenir «formellement» à la communauté européenne, a déclaré à Sputnik Vladislav Jovanovic, ancien ministre yougoslave des Affaires étrangères.
«Quel que soit le nouveau Parlement européen, il exigera que nous reconnaissions le Kosovo, c'est-à-dire notre capitulation. Sans cela, nous n'aurons tout simplement aucune chance de faire partie de l'UE. Aussi, devons-nous nous rendre bien compte que c'est une condition sine qua non. C'est pourquoi nous ne devons ni nous attendre à ce que la manne tombe du ciel ni à une autre surprise agréable», a expliqué l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter qu'à l'heure actuelle, même sans la Serbie, l'Union européenne est confrontée à tout un écheveau de problèmes et de contradictions à commencer par des complications dans ses relations avec les États-Unis, jusqu'à l'aggravation des rapports politiques et économiques avec la Russie.
«Dans ces conditions, il serait pour le moins naïf de s'attendre à ce que les Européens saluent l'élargissement ultérieur de l'UE. Cela signifierait ajouter à leurs propres problèmes ceux des pays des Balkans, pauvres et accablés de problèmes insolubles, qui ne tarderont pas par ailleurs à demander de l'argent», a poursuivi l'ancien chef de la diplomatie yougoslave.
Il a également affirmé qu'il n'y aura aucune intégration européenne pour Belgrade avant qu'il ne reconnaisse l'indépendance du Kosovo.
«Si nous le faisons, nous serons l'unique pays de ces 200 dernières années à avoir sacrifié une partie de son propre territoire national en échange de l'adhésion dans une organisation quelconque. Et sans reconnaître un Kosovo indépendant, nous n'avons pratiquement aucune chance d'adhérer à l'Union européenne», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
La Serbie a déposé sa candidature d'adhésion à l'Union européenne le 23 décembre 2009. Les négociations d'adhésion de la Serbie à l'UE patinent toujours, Belgrade refusant catégoriquement de donner son aval à l'adhésion du Kosovo à des organisations internationales.