L'histoire est-elle condamnée à se répéter? Ces jours-ci, les Québécois pourraient bien le croire. En 2013, plusieurs manifestations s'étaient déroulées à Montréal pour dénoncer l'ancien projet de Charte de la laïcité du Parti québécois (PQ). Défendu par Pauline Marois, alors Premier ministre, le projet proposait d'interdire le port de signes religieux à tous les employés de l'État. La loi n'a jamais vu le jour, car le PQ a été battu à l'élection suivante par le Parti libéral (PLQ).
Mouvement anti-laïcité: l'histoire se répète au Québec
Le 7 avril dernier, le collectif canadien anti-islamophobie a organisé une manifestation contre la nouvelle loi à Montréal, rassemblant au moins 5.000 personnes. Des organisations militantes de gauche ont pris part à la marche, de même que plusieurs représentants des communautés sikhe, juive et musulmane. Les manifestants ont scandé des slogans tels que «Le Québec, c'est chez nous!» et «Legault, raciste!» Une manifestante brandissait une pancarte sur laquelle étaient dessinées des croix gammées et arborait le slogan «loi caquiste, loi fasciste».
Les images de la manifestation ont rapidement semé la controverse sur les réseaux sociaux. Depuis dimanche, la controverse se poursuit. Certains internautes se sont dits choqués de voir des manifestants associer le gouvernement Legault à des régimes fascistes. Le 8 avril dernier, un célèbre animateur de radio, Luc Lavoie, a d'ailleurs comparé François Legault à Hitler. L'animateur a été forcé de se rétracter, après que le bureau du Premier ministre lui en ait fait la demande.
Les organisateurs de la manifestation ont également retenu l'attention. Le président du collectif canadien anti-islamophobie, Adil Charkaoui, est soupçonné par des chroniqueurs et internautes d'appartenir à une mouvance radicale et terroriste de l'islam. Arrêté en 2003 puis relâché, il a été suspecté par les autorités canadiennes d'avoir suivi un camp de formation d'Al-Qaïda* en Afghanistan.
Dans son best-seller Djihad.ca, le journaliste Fabrice de Pierrebourg a révélé que le nom de Charkaoui figurait dans des dossiers des agents français chargés de la lutte au terrorisme. L'auteur a aussi révélé que des agents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) l'avaient entendu «échafauder le scénario du détournement d'un avion». Toutefois, le Marocain d'origine n'a jamais été formellement accusé. Organisateur principal de l'événement, il a livré un discours enflammé devant la foule.
«Il faut contester ce projet. Ne vous laissez pas faire. Ne vous laissez pas diviser. Personne ne va nous dicter comment vous habiller ou comment travailler», a lancé Adil Charkaoui devant les manifestants rassemblés sur la place du Canada.
Des organisateurs controversés
En 2015, lors d'une commission parlementaire à l'Assemblée nationale du Québec, M. Elmenyawi recommandait aussi d'interdire les moqueries visant les religions. Le Conseil musulman de Montréal, que l'imam préside encore aujourd'hui, exhortait le gouvernement à encadrer ce phénomène. Cette intervention avait suscité la polémique, certains commentateurs y voyant un danger pour la liberté d'expression.
À la fin des discours d'Adil Chakaoui et de Salam Elmenyawi, des manifestants ont scandé plusieurs fois «Allah Akbar» (Dieu est grand). La vidéo qui montre la scène, partagée sur la page Facebook du collectif canadien anti-islamophobie, a grandement fait réagir.
Le climat est de plus en plus tendu dans la Belle Province. Depuis son dépôt le 28 mars dernier, la nouvelle loi sur la laïcité retient l'attention et crée des tensions entre Ottawa et Québec. Malgré tout, le gouvernement Legault semble bien résolu à garder le cap.
*Organisation terroriste interdite en Russie