Les individus qui ont fait irruption le 25 mars à l’université de la Sorbonne pour empêcher par la force la présentation d’une pièce de théâtre d’Eschyle dont la mise en scène leur a semblé raciste est «une atteinte très grave et totalement injustifiée, à la liberté de création», a déclaré mercredi l’université de la Sorbonne.
«Sorbonne Université dénonce solennellement les événements qui se sont déroulés hier soir à la faculté des Lettres de Sorbonne Université. Empêcher, par la force et l’injure, la représentation d’une pièce de théâtre est une atteinte très grave et totalement injustifiée, à la liberté de création […]. Les accusations de racisme ou de "racialisme" sont révélatrices d’une incompréhension totale», lit-on dans le communiqué de la Sorbonne Université avant de promettre de tout faire «pour que cette pièce puisse être jouée dans des conditions sereines».
Selon les militants de la Ligue de défense noire africaine (LDNA), de la Brigade anti-négrophobie et du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), les masques et maquillages noirs que les acteurs devaient utiliser pour personnifier les Danaïdes, s’apparentent à «blackface».
Contactée par Sputnik, la Sorbonne a refusé de commenter cette affaire.
«Il y a une différence d'ethnie géographique, pas de race. Aucun racialisme là-dedans, aucun racisme encore moins de notre part. L'an dernier, ne disposant pas de masques, nous avons maquillé les peaux blanches des comédiennes européennes ou asiatiques. Sinon, l'opposition dépeinte par le texte d'Eschyle n'est pas manifeste […]. Le théâtre est le lieu de la métamorphose, pas le refuge des identités. Le grotesque n'a pas de couleur», a-t-il noté.
Le festival Les Dionysies se poursuit à Paris jusqu’au 30 mars. Le théâtre Démodocos doit jouer trois spectacles d’Eschyle à l'université de Jussieu: Ulysse chez Circé et Agamemnon le 27 mars et Les Choéphores-Les Euménides le 28 mars, ainsi que la trilogie L'Orestie d'Eschyle le 30 mars à la Bibliothèque nationale de France (BNF).