À la contestation des syndicats, du corps enseignant et des étudiants eux-mêmes se joignent désormais les diasporas africaines. Tous rejettent la hausse des frais d'inscription qui devrait s'appliquer aux étudiants extra-européens dès la rentrée prochaine.
«Pour gagner en attractivité, vous assumez de perdre en solidarité. Vous prenez deux risques: celui de voir chuter le nombre d'étudiants étrangers et celui d'accroître [leur] exclusion pour des raisons économiques», interpellait le député Jean-Michel Clément lors de la présentation du programme «Bienvenue en France».
Un risque qui s'est depuis avéré être une réalité, puisqu'entre novembre et février, le nombre de candidatures pour intégrer des universités françaises a baissé de près de 10%, même si toutes les nationalités n'ont pas été affectées de la même manière.
Si l'idée de faire assumer aux étudiants une partie plus importante du coût réel de leur formation est sensée, et qu'imputer cette hausse aux extra-Européens pour en dispenser les Français (et membres de la communauté européenne) est louable, la décision implique également son lot d'effets néfastes.
Ensuite, et là, l'argument est beaucoup plus relayé, la hausse des frais d'inscription aurait un impact significatif sur la francophonie:
«Quelle curieuse conception de la coopération et de la francophonie que d'interdire de fait aux étudiants étrangers, pour la moitié originaires d'Afrique, de rejoindre la France pour compléter leur formation et contribuer demain au développement de leur pays», déclarait Jean-Michel Clément en séance à l'Assemblée nationale.
Dans une note adoptée à l'unanimité par le conseil scientifique de l'institution, le CNRS déplore que la hausse des frais d'inscription «éloignera des laboratoires un grand nombre d'étudiants» africains alors que ces derniers «offrent des perspectives de développement, qui d'ores et déjà intéressent les concurrents de la France».
Même son de cloche à l'Académie française, où la philosophe Barbara Cassin a pris publiquement position pour dénoncer le coup qu'une telle mesure porterait à l'influence de la langue française:
«On tue la francophonie et on se tire une balle dans le pied», a expliqué madame Cassin sur Arte et dans les colonnes du Monde.
Depuis, le gouvernement a beau avoir annoncé que les doctorants ne seraient pas concernés, cela n'a pas suffi à mettre un terme à la polémique.