«Bienvenue en France»: pour étudier, passez par la case «paiement»

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Présenté en novembre dernier, «Bienvenue en France» est un programme qui va mal passer à l'extérieur de l'UE. Censé améliorer l'attractivité des universités françaises, il va drastiquement augmenter les frais d'inscription pour les extra-Européens. Après les syndicats et les étudiants, les diasporas s'attaquent à un texte qui «tue la francophonie».

À la contestation des syndicats, du corps enseignant et des étudiants eux-mêmes se joignent désormais les diasporas africaines. Tous rejettent la hausse des frais d'inscription qui devrait s'appliquer aux étudiants extra-européens dès la rentrée prochaine.

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Présenté en novembre dernier, le programme «Bienvenue en France» vise à améliorer l'attractivité des universités françaises à l'international. Pourtant, ce dernier prévoit une «différenciation des frais», ce qui implique que les inscriptions ne coûteront pas le même prix en fonction de la nationalité. Alors qu'un Européen devra débourser 170 euros pour une année de licence, un étudiant international devra, lui, payer 2.600 euros de plus.

«Pour gagner en attractivité, vous assumez de perdre en solidarité. Vous prenez deux risques: celui de voir chuter le nombre d'étudiants étrangers et celui d'accroître [leur] exclusion pour des raisons économiques», interpellait le député Jean-Michel Clément lors de la présentation du programme «Bienvenue en France».

Un risque qui s'est depuis avéré être une réalité, puisqu'entre novembre et février, le nombre de candidatures pour intégrer des universités françaises a baissé de près de 10%, même si toutes les nationalités n'ont pas été affectées de la même manière.

Si l'idée de faire assumer aux étudiants une partie plus importante du coût réel de leur formation est sensée, et qu'imputer cette hausse aux extra-Européens pour en dispenser les Français (et membres de la communauté européenne) est louable, la décision implique également son lot d'effets néfastes.

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D'abord, en termes d'offre. La présence d'étudiants étrangers permet de rentabiliser des filières qui ne le seraient pas forcément autrement. C'est ce qu'explique le président de l'Université de Rouen au Parisien lorsqu'il déclare que le taux d'étrangers peut atteindre «70 à 80% des effectifs» et «qu'on ne garderait probablement pas ces formations ouvertes» sans eux.
Ensuite, et là, l'argument est beaucoup plus relayé, la hausse des frais d'inscription aurait un impact significatif sur la francophonie:

«Quelle curieuse conception de la coopération et de la francophonie que d'interdire de fait aux étudiants étrangers, pour la moitié originaires d'Afrique, de rejoindre la France pour compléter leur formation et contribuer demain au développement de leur pays», déclarait Jean-Michel Clément en séance à l'Assemblée nationale.

Dans une note adoptée à l'unanimité par le conseil scientifique de l'institution, le CNRS déplore que la hausse des frais d'inscription «éloignera des laboratoires un grand nombre d'étudiants» africains alors que ces derniers «offrent des perspectives de développement, qui d'ores et déjà intéressent les concurrents de la France».
Même son de cloche à l'Académie française, où la philosophe Barbara Cassin a pris publiquement position pour dénoncer le coup qu'une telle mesure porterait à l'influence de la langue française:

«On tue la francophonie et on se tire une balle dans le pied», a expliqué madame Cassin sur Arte et dans les colonnes du Monde.

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Mi-février, alors qu'un rapport sur le sujet devait être remis à la ministre de l'Enseignement supérieur, 17 universités sur les 72 que compte le pays avaient d'ores et déjà annoncé qu'elles n'appliqueraient pas la hausse des frais d'inscription prévue pour les étudiants hors UE.

Depuis, le gouvernement a beau avoir annoncé que les doctorants ne seraient pas concernés, cela n'a pas suffi à mettre un terme à la polémique.

 

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