Présidentielle au Nigéria, l’armée dénonce un plan «diabolique» de fraude et de sabotage

L’armée nigériane a indiqué mardi 19 février avoir mis au jour un vaste plan de fraude et de sabotage des élections législatives et présidentielle du 23 février. Une déclaration qui tombe deux jours après que le Président Muhammadu Buhari, candidat à sa propre succession, ait demandé aux soldats de se montrer «sans pitié» envers les fraudeurs.
Sputnik

«Des renseignements crédibles à la disposition du QG 6 Div NA ont mis au jour un plan diabolique de la part d'acteurs politiques visant à armer et parrainer les scélérats. Ils porteront l'uniforme pour tromper la vigilance des forces de sécurité afin de provoquer un chaos aux bureaux de vote», peut-on lire dans une déclaration sur le compte Twitter de l'armée ce mardi 19 février.

​Cette déclaration de l'armée tombe deux jours après une déclaration du Président sortant Buhari, candidat à sa propre succession, qui a demandé à ses soldats de se montrer «sans pitié» envers les fraudeurs.

«J'ai déjà ordonné à la police et à l'armée d'être sans pitié. Nous n'allons pas être tenus pour responsables […] pour ceux qui décident de voler des urnes ou utilisent des criminels pour perturber le scrutin», a déclaré le chef de l'État lors d'une réunion de son parti, le Congrès des progressistes (APC).

Les deux principaux favoris, le Président sortant Muhammadu Buhari (76 ans) et le candidat de l'opposition Atiku Abubakar (72 ans), tous deux originaires du nord à majorité musulmane, s'accusent mutuellement de vouloir fomenter des fraudes.

«La réalité des catholiques, c’est plus la France… c’est le Brésil, le Nigéria».
Le principal parti d'opposition nigérian, le Parti populaire démocratique (PDP), a dénoncé des «menaces» et «un appel ouvert pour que les gens se fassent eux-mêmes justice». Adams Oshiomhole, chef de file de l'APC, le parti au pouvoir, a pour sa part accusé l'INEC (commission nationale électorale indépendante) de «travailler avec des forces antidémocratiques pour saper le processus électoral».

Les élections présidentielles et législatives initialement prévues le samedi 16 février ont été reportées au 23 février. Le report a été décidé «pour pouvoir garantir la tenue d'élections libres, justes et crédibles. Organiser le scrutin comme il était convenu n'est plus possible», a notamment déclaré le président de l'INEC, Mahmood Yakubu, invoquant des raisons logistiques, sans aucune autre précision.

Le report des élections générales n'est pas une première pour le Nigéria: en 2011, elles ont été retardées deux fois, après quoi le pays a sombré dans des violences post-électorales entre chrétiens et musulmans qui avaient fait plus d'un millier de morts. En 2015, le gouvernement de Goodluck Jonathan avait reporté le scrutin de six semaines du fait de problèmes sécuritaires dans le nord-est du pays après des années du conflit contre les djihadistes de Boko Haram.

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