La crise des régions anglophones au Cameroun connaît un regain de violences depuis le début de cette année. Dans la nuit du 10 au 11 février, quatre personnes, «dont deux malades brûlés vifs sur leur lit d'hôpital», ont été tuées par des hommes armés, dans l'hôpital de Kumba, ville de la région anglophone du sud-ouest du Cameroun, en proie à un violent conflit armé depuis fin 2017. Le bilan fait également état de 7 véhicules du personnel de l'hôpital incendiés.
«Lesdits assaillants ont escaladé le portail de l'hôpital aux environs de zéro heure trente minutes, semant la panique par des tirs à l'arme lourde» précise le ministre de la Communication.
Une version des faits rejetés par les séparatistes dans un autre communiqué, publié sur les réseaux sociaux. Ces derniers affirment qu'ils n'étaient pas «responsables de l'incendie à l'hôpital» et accusent les forces gouvernementales d'avoir incendié cet hôpital «afin de ternir notre image à l'échelle internationale».
Kumba, à environ 70 km au nord de la capitale régionale Buea, est l'une ville les plus touchées par le conflit entre l'armée et des séparatistes, qui réclament l'indépendance des deux régions anglophones du sud-ouest et du nord-ouest.
De violents combats ont été enregistrés entre les séparatistes et les soldats de l'armée camerounaise dans les régions anglophones les 5 et 6 février. Le 6 février, à Buea, un militaire a été décapité au lieu-dit Old GCE Board et dans le quartier Bunduma, quatre véhicules appartenant à des fonctionnaires ont été incendiés.
«Si l'appel à déposer les armes que j'ai lancé aux entrepreneurs de guerre reste sans réponse, les forces de défense et de sécurité recevront instruction de les neutraliser», avait déclaré Paul Biya lors de son discours de fin d'année à la Nation, comme pour signifier son courroux. Un autre appel resté lettre morte au vu de l'enlisement de la situation.
Dans la partie anglophone du Cameroun, depuis fin 2017, des combats opposent régulièrement les forces de sécurité à des groupes épars de séparatistes armés qui, cachés dans la forêt équatoriale, attaquent gendarmeries et écoles et multiplient les kidnappings.
Selon l'ONU, 437.000 personnes ont été déplacées par le conflit dans les régions anglophones et plus de 32.000 autres ont fui au Nigeria voisin.