Dans une interview accordée au journal Welt am Sonntag, le ministre allemand de l'Économie et de l'Énergie Peter Altmaier a salué le compromis franco-allemand sur l'adoption de nouvelles règles sur le transport du gaz qui peut permettre de mieux contrôler le marché gazier européen sans bloquer le projet Nord Stream 2. Selon lui, il s'agit d'un «signal puissant» pour les «détracteurs» de ce gazoduc.
«L'UE a montré cette semaine qu'elle pouvait agir à l'unisson dans ce dossier[…] C'est un résultat extrêmement important. Il y a eu récemment de nombreuses critiques à caractère idéologique de ce projet qui est important pour notre approvisionnement en énergie», a-t-il précisé.
«Nous n'avons jamais succombé au chantage et nous ne le ferons pas», a-t-il déclaré en se prononçant sur la résistance américaine à ce projet.
Le 8 février, la France et l'Allemagne ont soumis à leurs partenaires de l'UE un compromis pour permettre l'adoption de nouvelles règles sur le transport du gaz, sans bloquer le projet de gazoduc Nord Stream 2. Il prévoit notamment que l'application des règles européennes pour les gazoducs avec des pays tiers comme la Russie incombe aux pays de l'UE où ceux-ci sont reliés pour la première fois au réseau européen. Dans le cas du Nord Stream 2, ce sera l'Allemagne.
Auparavant, Paris avait menacé d'accepter le projet d'amendements à la directive européenne sur le gaz visant à empêcher l'exploitation du gazoduc appartenant à Gazprom.
La présidence roumaine de l'UE doit désormais entrer en négociation avec le Parlement européen pour s'accorder sur un texte final des amendements à la directive gazière.
Le projet Nord Stream 2 est réalisé par la société russe Gazprom, en coopération avec les entreprises européennes Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Le gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique devrait être mis en service d'ici fin 2019. Les États-Unis s'y opposent énergiquement.
La Russie a déclaré plusieurs fois qu'il s'agissait d'un gazoduc absolument commercial et compétitif. Par ailleurs, Vladimir Poutine a souligné que l'élaboration du Nord Stream 2 ne signifiait pas pour autant l'arrêt du transit de gaz russe via l'Ukraine.