Rappel de l’ambassadeur de France à Rome: «un geste politique et symbolique»

La diplomatie française frappe un grand coup en rappelant l’ambassadeur de France à Rome, Christian Masset, afin de riposter face «aux attaques sans précédent» du gouvernement italien. Sputnik a interrogé à ce propos Mario Borghezio, député de la Ligue et Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France.
Sputnik

C'est par la formule consacrée, le rappel de l'ambassadeur français «pour consultations», que le Quai d'Orsay a annoncé ce jeudi 7 février le retour de Christian Masset, en poste à Rome. La diplomatie française a justifié cette décision lourde de sens suite à des «accusations répétées, d'attaques sans fondement, de déclarations outrancières» du gouvernement italien. Après les critiques de Luigi di Maio, vice-Premier ministre italien déclarant que la France appauvrissait l'Afrique, en janvier dernier, la venue de ce dernier à Montargis le 5 février, pour rencontrer un groupe de Gilets jaunes, a été le pas de trop: «les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable.»

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Pour Mario Borghezio, député européen de la Ligue, au pouvoir en Italie, la rencontre entre Di Maio et les Gilets jaunes ne le choque pas, bien au contraire, et il réfute toute volonté d'ingérence:

«Il est bien évident qu'un leader politique italien, également membre du gouvernement, peut contacter des leaders d'un mouvement comme les Gilets jaunes, mouvement qui n'est pas hors-la-loi, et qui a développé une action plutôt forte, mais essentiellement dans la démocratie.»

La venue de Luigi di Maio sur le territoire français pour rencontrer Christophe Chalençon et d'autres contestataires ne semble pas non plus outrer l'ancien ambassadeur de France, Claude Blanchemaison:

«On circule librement —heureusement- sur le territoire français. Simplement, j'imagine que M. Di Mario veut préparer les élections européennes du mois de mai et qu'il fait peut-être un parallèle dans sa tête entre son Mouvement 5 étoiles et le mouvement des Gilets jaunes, alors qu'à mon avis il n'y a pas beaucoup de parallèles à faire», analyse l'ancien diplomate.

Seulement, selon Claude Blanchemaison, cette rencontre vient après plusieurs sorties des dirigeants italiens qui pourraient expliquer cette décision musclée de la part du gouvernement français:

«Cette affaire de mardi dernier vient après beaucoup d'autres déclarations du vice-Premier ministre italien sur le rôle de la France en Afrique, sur la zone Franc, sur beaucoup d'autres sujets, donc c'est peut-être la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.»

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Une décision qui aurait été prise à haut niveau, pas uniquement au Quai d'Orsay, mais qui ne signifie absolument pas une rupture des liens diplomatiques. Il s'agit principalement d'une mesure symbolique, comme l'explique Claude Blanchemaison:

«Ça ne veut pas dire que l'ambassade cesse de fonctionner. Dans ce cas-là, le numéro deux devient chargé d'affaires, bien entendu, et l'ambassade fonctionne. L'ambassadeur est rappelé selon une expression consacrée "pour consultations", donc c'est peut-être quelques jours, pour quelques semaines, c'est pour une période de temps limité. C'est un geste qui a une signification politique et symbolique.»

Et Mario Borghezio termine en rappelant que la France n'est pas en reste, en évoquant l'ancien contentieux des relations diplomatiques franco-italiennes, les extraditions d'anciens terroristes italiens réfugiés en France. Dernier en date, Cesare Battisti:

«Dans les rapports italo-français, il y a la question encore non résolue des énormes faveurs que la France a eu envers les terroristes rouges qui ont massacré des magistrats, des policiers, des carabiniers.»

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