Selon le dirigeant américain, les services secrets «n'ont pas terminé l'école et devraient y retourner», écrit le quotidien Kommersant. Plusieurs congressistes américains éminents des deux partis, ainsi que l'ex-directeur de la CIA, ont rétorqué que le Président avait la «dangereuse habitude de discréditer les renseignements au nom de sa réalité alternative».
D'après ce rapport sur les menaces globales, l'organisation terroriste Daech* posséderait encore des milliers de combattants sur le territoire syrien et irakien, alors que mi-décembre Donald Trump avait déclaré que Daech* était vaincu et les USA pouvaient donc entamer leur retrait de Syrie.
Le rapport affirme ensuite que la Corée du Nord «ne renoncera certainement pas à ses réserves, vecteurs et potentiel industriel (nucléaires)». Or Donald Trump, après son entretien de juin 2018 avec Kim Jong-un, avait déclaré qu'ils s'étaient entendus sur la dénucléarisation de la Corée du Nord et avaient scellé l'entente par une poignée de main.
Le rapport du DNI pointe également une menace potentielle émanant de la Russie pour la présidentielle américaine de 2020, qui pourrait s'ingérer dans le processus électoral par le biais des réseaux sociaux en utilisant les «problèmes sociaux et raciaux, en sapant la confiance envers les autorités et en critiquant les politiciens qui ont une position antirusse». Pour sa part, Trump n'a jamais soutenu les accusations d'ingérence dans la présidentielle de 2016 avancées par les renseignements américains contre la Russie.
Le chef de l'État et les renseignements américains ne sont pas non plus d'accord sur une autre question, éloignée de la politique étrangère. Les auteurs du rapport affirment que «la détérioration de l'écologie et les changements climatiques» sont un grave problème pour la sécurité américaine, car ils pourraient susciter des «litiges pour les ressources naturelles, des difficultés économiques et une colère sociale en 2019 et plus tard». On sait que Donald Trump a régulièrement qualifié le problème du réchauffement climatique de «mystification». Il a annoncé le retrait des USA de l'accord de Paris sur le climat et supprimé plusieurs initiatives environnementales de son prédécesseur.
L'avis des meilleurs experts de la communauté du renseignement des USA exprimé dans ce rapport n'a pas convaincu le Président.
Les conclusions du rapport sur l'Iran ont indigné le dirigeant à tel point qu'il n'a pas pesé ses mots: «Les services secrets sont extrêmement passifs et naïfs dans l'appréciation des menaces émanant d'Iran. Ils se trompent!», a-t-il déclaré. Et d'ajouter que l'unique chose qui retenait l'Iran aujourd'hui était l'effondrement économique. «Les services secrets devraient peut-être revenir à l'école pour terminer leurs classes», a-t-il indiqué.
De nombreux congressistes, aussi bien Démocrates que Républicains, se sont rangés du côté des renseignements.
Le sénateur Mark Warner, démocrate de l'État de Virginie, a écrit sur Twitter: «Le Président a la dangereuse habitude de discréditer les services secrets au profit de sa réalité alternative. Les gens risquent leur vie pour obtenir ces renseignements, mais lui les balaie d'un revers de main sur sa page Twitter.»
Steny Hoyer, leader de la majorité démocrate à la chambre des représentants, a souligné dans une interview à Hill TV que le Président «niait l'évidence sur pratiquement toutes les questions cruciales relatives à la sécurité nationale». «C'est regrettable. C'est mauvais pour le pays et pour nos alliés, parce qu'ils pensent qu'ils ne peuvent pas compter sur nous. C'est dangereux aussi bien pour eux que pour nous», a-t-il déclaré.
Le sénateur républicain John Thune a déclaré sur CNN que le Président devrait moins s'exprimer sur Twitter, notamment sur «les questions importantes de sécurité nationale».
L'ex-directeur de la CIA John Brennan, nommé à ce poste par Barack Obama, a déclaré que le refus du Président d'accepter les conclusions de la communauté du renseignement montrait «l'ampleur de sa faillite intellectuelle», et que lui-même «constituait une menace pour la sécurité nationale».
*Organisation terroriste interdite en Russie
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.