La polémique enfle au Maroc après le refus de la Jordanie d’octroyer un visa à une femme

La justification avancée par le consulat de Jordanie au Maroc à son refus de délivrer un visa à une ressortissante marocaine, fonctionnaire à l’ONG Oxfam, a déclenché une polémique dans le pays. L’intervention de l’ambassadeur jordanien à Rabat n’a pas réussi à convaincre.
Sputnik

Le refus opposé par le consulat de Jordanie au Maroc à la demande de visa formulée par la citoyenne marocaine Mounia Semlali, responsable justice des genres de l'ONG Oxfam, a déclenché une polémique dans le pays, largement relayée par les médias locaux. La raison du refus invoquée est que toute femme marocaine âgée d'entre 18 et 35 ans est tenue d'être accompagnée par un mahram (c'est-à-dire son mari ou quelqu'un d'autre de sa famille avec qui elle ne peut se marier). Si tel n'est pas le cas, elle doit être conviée dans le cadre d'une activité, avec invitation de la part d'une institution jordanienne. Ces conditions ont été jugées discriminatoires à l'égard des femmes marocaines. L'ambassadeur de Jordanie à Rabat a réagi à la polémique, mais ses arguments n'ont pas convaincu la plaignante.

«Ces procédures d'octroi de visas sont appliquées depuis de nombreuses années et n'ont subi aucune modification», a déclaré Hazim Al Khateb Attamimi, l'ambassadeur de Jordanie. L'octroi de visas d'entrée «est régi par des dispositions réglementaires liées à la légalisation et à la protection du marché du travail en Jordanie», a-t-il ajouté en soulignant et que ces procédures faisaient en sorte de «limiter ou de restreindre l'entrée de certaines tranches d'âge, et non pas les interdire».

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S'adressant directement aux femmes marocaines, le diplomate a affirmé que son pays n'empêchait pas ces dernières «d'entrer sur son territoire, à condition de se soumettre aux mesures réglementaires visant à préciser le lieu de travail ou à indiquer le motif de la visite». «Nos frères marocains sont les bienvenus, comme ça a toujours été le cas, dans leur second pays la Jordanie», a-t-il conclu.

Réagissant aux explications de l'ambassadeur jordanien, Mounia Semlali ne s'est pas restreinte dans ses propos pour dénoncer des mesures discriminatoires visant exclusivement les femmes marocaines et tunisiennes.

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En effet, tout en rappelant que toutes ses demandes pour rencontrer l'ambassadeur de Jordanie étaient restées lettres mortes, Mme Semlali a affirmé sur sa page Facebook: «J'ai essayé de vous croire et d'oublier mon histoire avec votre ambassade et les centaines de lettres que j'ai reçues et qui confirment la discrimination et les insultes que subissent mes concitoyennes». «Comment est-il possible que vous ne soyez pas au courant de tout ce qui se produit? Les dispositions réglementaires concernant les tranches d'âge que vous avez évoquées ne concernent que les Marocaines et les Tunisiennes», a-t-elle ajouté. «Il est inutile de tenter de cacher une vérité que nous pouvons vite prouver», a-t-elle conclu.

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Selon le site marocain Le360, c'est le nombre important de femmes marocaines exerçant en Jordanie et la nature de leurs métiers qui ont motivé la décision des autorités consulaires du pays. Selon le média, les autorités d'Amman estiment que «la majorité des 35.000 Marocaines en Jordanie travaillent comme masseuses, serveuses, chanteuses ou danseuses dans des cabarets. Des métiers qui se rapprochent de la prostitution cachée, selon les autorités jordaniennes».

Pour les mêmes raisons, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Libye, le Liban et le Koweït ont tous instauré les mêmes conditions d'octroi de visa, selon la même source. « Même Israël a expulsé des Marocaines pour s'être prostituées dans des casinos de Tel Aviv», a-t-elle encore ajoutée.

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