«L’ambiance n’avait rien à voir avec les manifestations violentes de Paris. J’avais croisé des familles avec de jeunes enfants. C’était calme à cet endroit-là», se souvient dans son témoignage à Libération Ayhan P., ce technicien chez Sanofi de 52 ans qui s’est vu privé d’une main par une grenade GLI-F4, arme potentiellement létale.
La vidéo publiée par le quotidien confirme les faits. Sur l’enregistrement, on voit des Gilets jaunes se tenir pacifiquement le long de rails et aucun signe de confrontation avec les forces de l’ordre n’est visible. Une grenade atterrit et un homme tenant le drapeau tricolore l’attrape. Une explosion se produit.
«J’étais à 50 mètres au moins de la ligne des forces de l’ordre, quand je vois arriver un projectile, ça me frôle au niveau des jambes et ça s’arrête tout près de moi». Cet ouvrier se souvient «d’un tube gris dont sortait de la fumée. […] J’étais persuadé que c’était du gaz lacrymogène, sinon je n’y aurais jamais touché. Je l’ai ramassée de la main droite et elle a explosé», confie Ayhan.
En décrivant la suite, il avoue n’avoir dans un premier temps pas compris ce qui s’était passé:
«Je regarde ma main, j’avais des gants noirs, je voyais plus le gant», poursuit-il. «Je m’aperçois qu’en fait je n’ai plus de main. Je voyais des lambeaux de chair, un os qui dépassait, et le sang qui giclait».
Outre la main qu’il a perdue, Ayhan a eu une jambe brûlée et reçu plusieurs impacts. D’après Libération, une plainte a été déposée et une enquête a été ouverte par le parquet de Tours, confiée à l’inspection générale de la Police nationale (IGPN).
D’ailleurs, comme le rappelle l’édition, le cas d’Ayhan P. n’est point isolé et, depuis le début de la mobilisation, plusieurs manifestants ont été grièvement blessés par cette arme.